D'après LeMonde et Rue89, encore une nouvelle tirade juste inqualifiable d'un responsable UMP. Atterrant, choquant, outrancier, vexant, consternant... aucun mot n'est suffisamment fort ni suffisamment juste...Cette fois, on mélange racisme, bi-nationalité, et adoption. Droit du sang, droit du sol: voilà que ces sujets reviennent encore une fois sur le devant de la scène, et pas de la plus belle des manières... Au-delà de la critique politique que cette remarque permet à ses opposants, (jeu dans lequel je n'entrerai pas ici), je trouve bien plus grave qu'un responsable politique majeur d'un grand parti soit aussi ignare sur le sujet de la nationalité et des différentes façons de l'obtenir, et sur le sujet de la filiation adoptive. L'adoption plénière n'est pas une nouveauté récente!! Qu'il puisse faire un amalgame entre adoption plénière et naturalisation ne risque pas de clarifier les choses dans l'esprit du grand public en matière de clichés sur l'adoption...Quelle jolie société dans laquelle je me prépare à accueillir mes futurs enfants... Je reproduis ici la quasi-intégralité de l'article de Rue89, qui reprend tous les éléments, ainsi que les réactions de l'association Racines Coréennes et d'EFA. "Il y a eu l'Auvergnat de Brice Hortefeux et la Norvégienne de François Fillon ; voici le Coréen d'Alain Marleix, le spécialiste du découpage électoral à l'UMP, à propos de l'écologiste Jean-Vincent Placé. En parlant de ses pronostics pour les élections sénatoriales à venir , l'ancien secrétaire d'Etat Alain Marleix a ces mots : « Dans l'Essonne, […] notre Coréen national, Jean-Vincent Placé, va avoir chaud aux plumes. »
Or, Jean-Vincent Placé est né à Séoul et a été adopté à l'âge de 7 ans, en 1975...Réaction de Jean-Vincent Placé: « C'est un scandale absolu, et je suis rarement scandalisé. Aujourd'hui il s'agit de moi, mais demain il dira de Manuel Valls “notre Espagnol national” ou de Rachida Dati “notre Marocaine nationale”, ou encore de Rama Yade “notre Sénégalaise nationale”.Je pense à mes parents [adoptifs, ndlr]. Le fait d'être coréen n'est bien sûr pas une infamie. Mais tout simplement, je suis français depuis 34 ans et uniquement français. »
Comme tous les enfants adoptés sous forme plénière, Jean-Vincent Placé est français par filiation. La loi française dit même qu'il est « réputé être né français ». Contrairement aux premiers commentaires suscités par la sortie de Marleix, Placé n'est pas « naturalisé » (comme l'est par exemple Manuel Valls, dont les parents sont espagnols).
« J'ai été adopté en 1975 par une famille normande, naturalisé deux ans plus tard, fait toute ma scolarité, mes études et toute ma vie professionnelle en France.
J'ai travaillé à l'Assemblée nationale, je suis vice-président du conseil régional d'Ile-de-France et même chevalier de l'Ordre national du mérite. Je suis connu pour l'amour que je porte à ma patrie d'adoption et tout ce que monsieur Marleix trouve à dire pour me qualifier c'est “notre Coréen national”.(...)
Pour monsieur Marleix, manifestement, seul le sang donne le droit d'être français. C'est une honte qu'un élu de la République puisse tenir de tels propos. »
Alain Marleix va devoir s'expliquer auprès des familles adoptives et des adoptés qui ne vont pas aimer, mais pas du tout, ce coup bas.
David Hamon, président de l'association Racines coréennes (Association française des adoptés d'origine coréenne), membre du Conseil supérieur de l'adoption, nous a envoyé de courrier dans la soirée de samedi :
« Je tenais à vous faire savoir que les propos vexants, choquants et outranciers tenus par M.Marleix à l'encontre de M.Place ont profondément choqués l'ensemble des Adoptés, coréens et d'ailleurs.
Ces propos sont navrants et inquiétants sur la légitimité de notre lien de filiation.
En matière d'adoption internationale au cas présent, nous ne choisissons pas notre pays d'accueil. Si celui-ci ne nous considère pas comme un de ses citoyens à part entière, où va-t-on ? »
Jointe par Rue89, Geneviève Miral, présidente de l'association « Enfance et familles d'adoption », soupire :
« Une fois de plus, nos enfants sont renvoyés à leurs apparences extérieures, comme si ce qui les définissait exclusivement, c'était leur origine. Et parmi les enfants adoptés de “couleur”, ceux d'origine asiatique ne sont pas épargnés par le racisme. »