Emprunté à la Maison de l'Image et du Son de Villeurbanne : Darling de Jean-Teulé.
Résumé :
Un jour, une lointaine cousine de Jean Teulé est venue l'aborder au siège de Canal+, où il travaillait alors comme chroniqueur.
Curieusement affublée, elle semblait sortir d'un sketch des Deschiens mais son regard, sa démarche et son assurance gouailleuse intriguèrent l'écrivain.
Elle dit s'appeler Darling, vouloir raconter son histoire afin qu'il en tire un livre. Elle estimait qu'ils rendraient tous les deux un grand service à leurs contemporains en montrant qu'on peut toujours s'en sortir en dépit de la violence et des catastrophes qui vous tombent sur la tête.
En écoutant le récit de Darling, Jean Teulé a entendu l'éternelle lamentation de ceux qui traversent les déserts abominables des vies sans affection, sans respect, sans ressource. Mais il a discerné aussi la voix d'une personnalité étonnante, la voix d'une femme capable de dévisager le malheur avec insolence et d'en parler avec des mots étonnamment justes.
De son frère, mort bizarrement dans un accident de la route, elle dira : Quand je l'ai vu, la tête transpercée par une barre de fer tombée d'un camion, j'ai trouvé qu'il ressemblait à un joueur de baby-foot.
Succession de coups durs, de rebuffades, d'humiliations, de rêves salopés, de tortures morales et physiques, sa vie a été une longue et lente chute sur le toboggan social d'une France impitoyable.
Jean Teulé n'a pas voulu écrire une biographie, il a tenté de rendre, à travers l'écriture romanesque, la trajectoire baroque et tragique d'une femme exceptionnelle que le sort accable, que la société ignore et méprise et qui, pourtant, continue inlassablement à se battre pour redonner à sa vie une cohérence et un but.
Une fois le bouquin attaqué, je n'ai pas pu le refermer avant de l'avoir terminé.
C'est une histoire très difficile, l'histoire (vraie) de Catherine - qui tient absolument à ce qu'on l'appelle Darling (en référence à une chanson de Rock Voisine) - fille de paysans normands.
Élevée sans amour dans la crasse d'une famille inculte, cruelle et vulgaire, son seul loisir est de converser avec les routiers grâce à sa CB. Darling rêve de quitter la ferme en prenant la fuite à bord d'un de ces camions qui font trembler la maison lorsqu'ils passent sur la nationale. Et son rêve va malheureusement se réaliser. Elle offrira sa virginité à son Roméo aviné, dans la cabine d'un poids-lourd transportant des vaches.Grossesses, mariage, coups, tortures...La vie de Darling est un long calvaire dans lequel le pire côtoie le glauque.
Mais dans un style d'écriture fluide, rythmé de passages de conversation entre l'auteur et l'héroïne de son livre, Jean Teulé arrive à nous arracher des éclats de rire au milieu d'un sentiment de malaise.Parce que le sordide atteint de tels sommets que ça en devient comique.Et Darling, avec tout son courage et son endurance n'en reste pas moins un personnage naïf qui prend toujours les mauvaises décisions...
Un livre très touchant, dans la même veine de "réalisme social" que les films des frères Dardenne (je pense notamment à Rosetta) et qui n'est pas sans me rappeler certains gamins ou certaines familles croisées dans mon Nord-Pas-De-Calais...
Je vous le conseille si vous avez le coeur bien accroché.Maintenant, je me dis que j'aimerais bien voir le film (comment ça je suis maso ?) tant la bande-annonce me parait correspondre tout à fait à ce que j'avais dans la tête en lisant le livre...Pis Marina Foïs et Guillaume Canet quoi...
Pour emprunter le livre à la médiathèque de Villeurbanne, c'est ici!