Guéguerre numérique…

Publié le 06 septembre 2011 par Paumadou

Beigbeider annonce la mort du roman à travers le numérique.

Je ne sais plus quel critique littéraire annonce la mort de la littérature à cause d’internet (j’ai pas réussi à retrouver, les infos passent si vite, je ne les note pas toujours)

Une famille d’éditeurs qui étend progressivement sa main-mise sur les maisons d’éditions françaises (en continuant d’afficher une « indépendance » malvenue) famille, donc, qui ne cache en rien sa haine des liseuses, tablettes et autres supports non papier-biblisé-dans-une-reliure-pleine-peau-doré-à-l’or-fin…

On dirait des discours de vieux cons.

Oui, le vieux con qui vous vend ses légumes au marché en râlant sur les supermarchés qui font venir des poires d’Argentine en plein printemps, des cerises d’Israël en hiver et des framboises du Pérou en automne… Le même qui vous vend des oranges toute l’année sur les marchés du nord de la France. Je lui demande pas d’où vient sa production… je ne râle pas parce qu’elles sont moins chères qu’au supermarché. Lui non plus ne s’en plaint pas de ses oranges… étrange.

Si on faisait dans le local, on se nourrirait de patates, de betteraves (à sucre, beurk !) et de pommes (un peu rances) toute l’année… avec des endives au printemps et peut-être quelques mûres hors de prix en automne.

Surtout qu’une partie de sa production de beurre part au supermarché du coin. Ses oeufs aussi…
S’il n’était pas aidé par l’Europe comme agriculteur pour les litres de lait qu’il produit en trop et revend aux Chinois, et les kilos de bidoche dont il ne se vante pas (oui, on ne mange plus de boeuf en France, on mange de la vache laitière trucidée…), je le plaindrais presque.

S’il faisait du bio encore, ou de l’agriculture raisonnée ! Mais non, il produit de la merde, comme au supermarché. Sauf que la sienne est enrobée de terre et d’un discours désagréable. A l’entendre, il serait le plus malheureux sur terre, le plus pauvre.

Moi aussi. Je ne peux pas me payer ses prunes au prix fort, heureusement, j’ai une tante qui possède un prunier très prolixe. Je sais où trouver des mûres pour faire mes confitures.
Autrefois, les pauvres avaient le droit de glaner. Ça a été interdit. Interdit de ramasser ce que le paysan ne voulait pas ramasser, ça devait rester à terre, pourrir, ne servir à personne. Question de principe économique : si on pouvait l’obtenir à l’aide d’un simple effort (ben oui, ramasser des grains de blé à la main dans les champs après récolte, c’est pas du tout fatigant !), ça ne valait plus rien sur le marché… Pour quelques kilos de grains donnés, les tonnes à vendre baissaient de prix.

Principe petit bourgeois et contre les plus pauvres. Les exploités qui avaient trimé aux récoltes sans être tellement plus payés, mais privés d’un droit qui leur avait toujours été acquis.
Passons, cette lutte sociale ne date pas d’hier… Le droit de glanage a été aboli en 1789.

Les gens qui râlent contre le numérique, qui prédisent la mort de la littérature par la faute d’internet sont peut-être juste des vieux cons, des petits bourgeois tenant à leur pré carré, à leurs privilèges… chèrement acquis à la Révolution !

Après tout, Liberté pour eux de faire ce que bon leur semble, Egalité d’agir tant que l’on en a les moyens et Fraternité pour se soutenir pour ne pas perdre la liberté chèrement acquise.

Aucune révolution, en France, n’a été celle du peuple. 1789, 1830, 1968 étaient toutes des révolutions bourgeoises.

La Commune peut-être seule a eu l’heurt d’être réellement celle du peuple contre les nantis et les bourgeois. Elle a été réprimée dans le sang et matée avec force. On ne lutte pas contre les intérêts économiques des dirigeants.

Internet les remets en cause, le numérique rend la valeur de l’objet nulle car reproductible à l’infini… Internet est la nouvelle Commune : l’endroit où les principes de commerce à gros profit sont bafoués, où les opinions s’échangent librement, où de nouvelles règles, de nouvelles lois « naturelles » s’instaurent, où le public peut utiliser les armes autrefois réservés aux bourgeois et aux autorités… De quoi déplaire à de nouveaux Adolphe Thiers