Malcolm Lowry | Reading Don Quixote

Publié le 06 septembre 2011 par Angèle Paoli
« Poésie d’un jour

READING DON QUIXOTE

A child, I thought summer would solve all things,
But this illusion passed with unseen springs.
The flowers that bloomed at home were dead at school,
And youth was born to die in Liverpool,
Or in Sierra Leone, with the shakes.
The yearning reappeared as spring in books,
The poem read in drugstore magazines,
Half understood — the glass holds what it means —
Then vanished with girls who never turned round,
Fled palette faces sucked into the ground.
The sea came then, cobalt or whisky brown,
Always far, and by different name,
Archangel, Surabay, or Tlalpam…
The disued longing settled on a town
And then I saw that death was all my search,
But reigned up on the threshold of the church,
Angry with hope that on secular dawn
Would bring with it at last enlightened scorn.
Yet for all this I am still at suckle :
The tavern is the center of my circle.

Malcolm Lowry, “Reading Don Quixote” in X, A Quarterly Review, 2, 2, 1961, August, p. 87.*

* NOTE D’AP : poème repris dans The Collected Poetry of Malcolm Lowry, edited and introduced by Kathleen Scherf ; with explanatory annotation by Chris Ackerley. Published 1991, December, by University of British Columbia Press, Vancouver, BC.




DON QUICHOTTE

Enfant, je pensais que l’été résoudrait tout ;
Cette illusion m’est morte d’avoir vu tant de printemps manqués.
Les fleurs qui s’ouvraient à la maison se fermaient à l’école ;
La jeunesse naissait pour mourir à Liverpool,
Comme en Sierra Leone avec les séismes.
La tentation revenait comme le printemps dans les livres,
Un poème lu dans un magazine à deux sous,
À moitié compris — la vitrine retenant le sens —
Puis disparaissaient avec les filles qui jamais ne se retournaient,
Pâles visages entrevus qu’aspirait le sol.
Alors venait la mer, cobalt ou couleur de whisky,
La vieille nostalgie se portait sur une ville
Toujours au loin, sous un nom différent,
Arkhangelsk, Surabaya, ou Tlalpam…
Puis je compris que je ne cherchais que la mort,
Mais je régnais au seuil du temple,
Furieux de l’espoir qu’une aube séculaire
Apporterait enfin la sérénité.
Pour tout cela je suis encore l’animal qui tète :
La taverne au centre de mon cercle.

Malcolm Lowry, in Les Lettres Nouvelles, mai-juin 1970, page 87. Traduit de l’anglais par Serge Fauchereau.*

* Note d’AP : l’œuvre poétique complète de Malcolm Lowry a fait l’objet en 2005 d’une publication chez l’éditeur Denoël. Cette édition rassemble près de 500 textes, traduits de l’anglais par Jacques Darras. Mais, hélas, cet ouvrage n’est pas une édition bilingue.




■ Voir aussi ▼

→ (dans l'anthologie permanente de Poezibao) Sonnet, de Malcolm Lowry (traduction de Jacques Darras)




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