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La Bourse baisse, le Sarko monte, Baltha passe et Maupass...

Publié le 08 septembre 2011 par Dubruel

LE DONNEUR D’EAU BÉNITE

 

Un charron avait marié

La fille d’un fermier.

Bien que travaillant tous deux

Comme des bœufs,

Ils n’étaient guère fortunés.

Après quelques années,

Un fils leur était né.

Ils l’appelèrent Armand

Et le chérissèrent tendrement.

 

Quand il eut cinq ans,

Il s’échappa de leur appartement

Pour aller sur la place du village

Voir un cirque et les fauves en cage.

Il ne revint pas.

En vain son père le chercha.

Il se rendit à la gendarmerie,

Fit des démarches à la mairie,

Questionna les passants,

Interrogea les paysans.

Une fois, un voyageur lui raconta :

-Moi, j’ai connu un gars

Qui avait perdu sa fille.

…Il l’a retrouvée à Blonville. 

 

Ce père n’avait pas revu son enfant

Depuis seize ans.

Espérant toujours une pitié de la destinée,

Les dimanches, il passait la matinée

Au seuil des églises, recherchant

Parmi les fidèles

Un homme ressemblant à Armand.

 

C’est dans l’une d’elle

Qu’il connut un donneur d’eau bénite.

Ils se lièrent d’une amitié subite

Au point que souvent le charron remplaçait

Le vieux bedeau s’il était indisposé.

La fin de l’hiver vit d’ailleurs sa disparition.

Et le charron prit sa succession.

A chaque office, il regardait tous ceux

Qui pénétraient dans le saint lieu.

Mais de l’espoir, il n’en avait plus guère

Lorsqu’une femme et un homme approchèrent.

Le charron chercha jusqu’au soir

Où autrefois il avait bien pu voir

Un homme qui ressemblait à celui-là.

Il avait prié de toute son âme

Durant la semaine.

Et dimanche, il s’installa avec sa femme

Dans cette église lointaine

Près du bénitier en pierre.

Les deux personnes entrèrent :

-Eh bien ! Tu le connais ? 

-Non…non…mais

Il a ta figure quand t’avais vingt ans. 

-C’est vrai. Ha ! J’suis content ! 

En sortant, après la bénédiction,

Le jeune homme effleura le goupillon

Tenu par le charron. Celui-ci questionna :

-Armand ?... L’homme l’examina.

Puis illuminé par un souvenir d’enfance,

Répondit : -Papa Pierre, maman Constance ! 

 

Ils se sont embrassés puis ont pleuré

D’une joie démesurée.

Ils allèrent ensuite chez le jeune homme

Qui leur raconta : -Quand j’étais môme,

Des saltimbanques m’ont enlevé.

Je menais leur vie dépravée.

Un an après, au début de l’été,

En ayant assez de ces lascars,

Je les quittais

Et errais au hasard.

 

Un soir,

J’arrivais dans un manoir…

La propriétaire m’adoptait.

Comme elle n’avait pas d’enfant, j’héritais

D’une belle fortune à son trépas.

Bien sûr, je vous ai cherché longtemps,

Patiemment,

Mais on ne vous connaissez pas.

Personne. Nulle part. Voilà mon histoire.

 

Et maintenant permettez-

Moi de vous présenter

Ma fiancée, Victoire !

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« Asperges me »

Expression traduite par deux humoristes de cabaret :

« Les asperges me dominent » !

Darigade et Fouziquet


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