On râle souvent du fonctionnement du monde de l’édition : esclavagisme de stagiaires pour lire les manuscrits, faire le café, faire de la mise en page, faire à peu près tout en fait. Le système du stage est une aberration en France (ailleurs, je ne sais pas comment ça marche).
Un stage, c’est bien, ça fait de l’expérience, ça permet d’entrer dans le monde du travail. Et voir qu’en fait, ce n’est pas bien réjouissant. Sauf que c’est une spirale : ce n’est pas une « vraie » expérience pour le recruteur (sous entendu : j’ai compris que tu sais le faire, mais je vais prendre ça comme excuse pour te sous-payer, te proposer des contrats merdiques ou te proposer… un autre stage !)
Un stagiaire est une personne qui a besoin d’être 1) supervisée en permanence – 2)formée – 3)encadrée
En gros, un stagiaire n’a pas le droit d’avoir un poste qui implique : responsabilité, des tâches qui ne sont pas réalisés par quelqu’un d’autre dans l’entreprise (genre lui faire faire le café, c’est interdit s’il n’est pas encadré et qu’une autre personne dans la boîte n’est pas aussi désignée pour faire le café…)
On stigmatise donc le monde de l’édition pour ses emplois massifs de victimes volontaires et encore très naïves qui croient pouvoir intégrer ce petit monde clos et être un jour publiées (combien d’étudiants en lettres/éditions rêvent de devenir auteurs… c’est la mauvaise voie, je vous le dis)
On le stigmatise aussi ce monde, parce qu’il ne sait pas s’adapter à l’ère numérique : réseaux, community manager, ebooks… On le voit comme un vieux réac à la peau dure qui finira par s’enterrer lui-même sous ses monts de livres envoyés au pilon.
Bref, on encense vite les acteurs numériques : pour leur qualité, pour leur innovation, leur mise en avant d’un caractère équitable, d’une juste rémunération… Soit, peut-être.
Sauf que tout n’est pas rose ou bleu, tout n’est pas noir ou blanc…
Babélio a posté une annonce récemment :
Community Management – Editorial (1 poste)
Lieu Paris (75)
Mission
Babelio.com est le réseau social des amateurs de livres en tous genres, et la première audience dédiée au livre sur internet. Babelio recherche un animateur de communauté
1/ En tant que community manager, il sera chargé d’animer et de faire grossir la communauté de 34000 membres présents sur le site
* Recrutement,
* Fidélisation,
* Relations avec la communauté : forum de Babelio, fans Facebook, Twitter etc.
* Rédaction éditoriale (interviews d’auteurs, blog de Babelio),
* Gestion de l’opération « Masse Critique » de service presse à destination des blogs littéraires, et gestion de la relation avec les blogueurs
2/ Parallèlement, il devra participer à la recherche de partenaires dans le monde de l’édition et au renforcement des partenariats existants sur deux axes :
* Promotion et marketing online éditeurs (Gallimard, Hachette, Editis…),
* Recrutement d’auteurs dans le cadre du « Programme Auteurs » de Babelio
* Recherche de partenariats éditoriaux ou de visibilité
3/ Il participera enfin à l’enrichissement de la base de contenus littéraire de Babelio (ajout de vidéos d’auteurs, qualification des données de classification des œuvres etc.)
Profil
Profil et compétences : * Un intérêt marqué pour la littérature, le web 2.0, le monde de l’édition et/ou de la bibliothéconomie est préférable. * Babelio est une équipe de 5 personnes passionnée de livres et d’Internet.
Niveau(x) d’études Bac +5 – Bac +3/+4
Période 3-6 mois à partir du 07 septembre 2011
Rémunération 400€ / mois
Convention de stage Oui
400€ par mois pour un stage à Paris, pour un étudiant ayant un niveau master…
Avec une charge de travail assez conséquente car en plus de gérer la communauté (forum/réseaux/rédaction éditoriale qui dépasse quand même le rôle du community manager de base… et qui prend énormément de temps) il lui est demandé de gérer les sponsors, les campagnes de pubs (non pas pour attirer la communauté mais pour faire entrer les sous) et d’enrichir le site (ce qui est clairement un rôle de rédacteur à plein temps) et d’un documentaliste/recherchiste…
Tous cela sans qu’il ne soit jamais fait référence à un quelconque encadrement (l’équipe Babélio est constitué de 5 personnes… je suis donc en train de supposer que tout ce qui est proposé là est déjà fait par toutes ces personnes et qu’elles auront le temps de superviser leur stagiaire !)
Ne nous leurrons pas : cette offre de stage est un boulot dissimulé, sous-payé, de l’esclavagisme pur et simple (400€ tu ne payes même pas le loyer d’un appart de banlieue, j’espère qu’ils remboursent la carte orange et offrent des chèques resto, je touchais plus en étant baby-sitter 10h par semaine !) et le monde de l’édition au sens large, même numérique, continue d’utiliser ce que la loi française n’autorise pas, mais que les politiques n’ont pas le cran de punir.
Je n’ai jamais pu saquer Babélio, je crois que ce n’est pas près de s’arranger (ça plus ce que j’ai lu ici, ça donne vraiment enviiiiiiie !
Si ça vous choque autant que moi, je vous invite à boycotter Babélio. Et jouer sur le « nous sommes une petite boîte sympa qui débute » pour attirer la sympathie ne marchera pas avec moi… vu la taille du site, la qualité des sponsors et le volume de visites/membres, ça ne marchera pas (et oui, je sais combien un site internet peu rapporter, on me la fait pas…)