Je suis outrée comme une loutre qui boit à même l'outre, en outre

Publié le 08 septembre 2011 par Anaïs Valente

Dans le Ciné Revue de la semaine dernière, courrier des lecteurs, je lis : « Il y a peu, je me rends dans un magasin de la région liégeoise pour y acheter un meuble.  N’étant pas de stock, le vendeur me propose de me le fournir sous quinzaine.  Hier, je trouve dans ma boîte aux lettres un avis du magasin.  Quelle ne fut pas ma surprise de voir que cette carte, oblitérée à Brussel X, était en flamand !  Outré par ce courrier, je décide de téléphoner au seul numéro proposé (un 02).  J’entre alors en communication avec une personne parlant le français avec un fort accent flamand.  Je lui demande de m’envoyer le même carton en français car, habitant en Wallonie, il est normal que je reçoive le document en français.  Après discussion, à sens unique, avec cette personne, j’ai compris qu’elle n’avait nullement l’intention de satisfaire à ma demande.  Elle a même eu l’audace de me dire que le siège du magasin, qui est l’expéditeur du document, devait être en rupture de stock de cartes en français.  Belle excuse !  Pour terminer cette communication, j’ai eu droit à un « au revoir » dans la langue de Vondel.  Restons vigilants, nos « amis » du Nord grignotent malicieusement, petit à petit, notre territoire wallon ».

- Remarque 1 : un magasin liégeois de meubles… euh, les meubles porteraient-ils un nom imprononçable genre « Smirchtnofftmurk » ?

- Remarque 2 : on dit pas « n’étant pas de stock, le vendeur me propose », car ça veut dire que le vendeur n’est pas de stock, et s’il est sur place, c’est qu’il est de stock

- Remarque 3 : outré, qu’il est, le monsieur.  Je pensais qu’il était outré je sais pas moi, car la carte était arrivée toute couverte de fiente de canard colvert ou de vomi de chien errant, ou passque la carte disait « votre meuble Smirchtnofftmurk arrivera sous quinzaine, savoir dans quinze ans ».  Ben non, c’est juste à cause d’un petit malentendu linguistique, peuchère.  Etre outré de recevoir un courrier en néerlandais, en Belgique, ben je vous avoue que ça m’outre.

- Remarque 4 : ben moi, je serais fière de causer le flamand avec un fort accent français, je vous le dis.  Et les gens qui me causent fransozisch avec un fort accent flamand, ben je leur suis éternellement reconnaissante de m’épargner la honte de mon flamand qui outrerait même la personne la plus zen du siècle.  Et en outre, je suis outrée que ce lecteur insiste sur l’accent flamand, comme si c’était un gros furoncle dégueulasse.

- Remarque 5 : que notre gentil lecteur souhaite obtenir son document en français car il comprend rien à ce qu’on lui écrit, je pourrais comprendre, ça n’a rien d’outrant.  Mais qu’il l’exige car il habite en Wallonieland, là, ça m’outre pire qu’une loutre buvant à même l’outre, pas vous ?

- Remarque 6 : une discussion à sens unique, ça existe pas.  Discussion : débat, échange d’idées, dispute.  Moi, je débats jamais seule, j’échange pas des idées avec moi-même, et je me dispute pas avec moi non plus (quoique, parfois, j’en aurais bien envie).  On appelle ça un monologue alors.

- Remarque 7 : je prie instamment le téléphoniste à l’accent français empreint de flamand (ou l’inverse, je sais plus), de me contacter, j’adore son audace folle qui l’a fait parler d’une rupture de stock.  C’est vrai quoi, ça n’arrive jamais, les ruptures de stock.  D’ailleurs, moi, au bureau, je m’occupe des fournitures, et j’ai l’audace folle, que dis-je, l'outre(cuidance) d’annoncer aux clients en ce moment que, sorry, mea culpa, chuis en rupture de stock de feuilles de couleur (cette expression ne revêtant aucun caractère raciste), vous aurez donc du blanc durant quelques semaines, mais c’est la faute à mon fournisseur qui a pas compris que quand je dis « merci d’ajouter à ma commande des feuilles de couleur » ça veut dire « merci d’ajouter à ma commande des feuilles de couleur », mon fournisseur il a compris « c’est combien les feuilles de couleur, je vous pose la question mais ne répondez pas ».  Je devrais peut être lui causer néerlandais avec un fort accent français, à mon fournisseur, non ça va, je rigoooooole.

- Remarque 8 : pourriez-vous nous préciser si le « au revoir » dans la langue de Vondel avait plus un accent flamand, ou plus un accent wallon, ou alors néerlandais, ou bien français, bref merci d’être plus précis, ce manque de détails a tendance à m'outrer encore un chtit peu.

- Remarque 9 : j’en profite pour saluer mes amis (sans guillemets) du Nord, les pas malicieux, ceusses qui pensent que notre territoire n’est pas wallon, mais belge, une fois/één keer.

- Remarque 10 : merci au Ciné Revue de relayer ce genre de polémique ridicule et outrante pour les ceusses comme moi qui n'en ont que fiche de ces problèmes linguistallig. 

- Remarque sur mes remarques : c’est because of des gens comme ça que mon pays part en coucougnettes, j’ai que ça à dire.  Ah non, j'ai encore autre chose à dire, au cas où vous l'auriez pas remarqué : je suis outrée comme cette loutre :