Le Maroc regorge de talents, fougueux, ardents, dont la créativité est inaltérable et qui ne cesse de surprendre. Parmi eux, surgit Faïçal Tadlaoui. Ce trentenaire natif de Lyon, rentré au bled il y a un quart de siècle déjà, est un touche-à-tout : producteur d’émissions et animateur radio et TV, réalisateur mais surtout musicien ! La musique étant sa passion première, rien de mieux pour assouvir sa soif que de rendre hommage à un des groupes les plus gargantuesques de l’histoire, les Pink Floyd. Un projet qui par son intrépidité impose un entretien avec le monsieur. So let’s get it started.
Lcassetta : Bonjour Faïçal, racontez-nous comment est née votre love story avec la musique ?
Faïçal Tadlaoui : J’ai découvert la guitare à 15 ans en écoutant The Cure et The Police. C’est par la suite que je suis devenu un fou de métal en même temps qu’un fan de groupes progressifs comme Genesis, Yes, Pink Floyd et bien sûr admiratif des guitar heroes comme Satriani, Steve Vai, Erci Johnson, Petrucci, etc… En ce qui concerne les instruments que je joue, il y a la guitare, la lap steel guitar et le luth depuis peu (je suis en apprentissage).
LC : Bien entendu, pour tout musicien en herbe, la concrétisation réelle se manifeste en se produisant sur une vraie scène, devant un vrai public. Je suppose que c’est ce qui a fait votre intégration au sein d’Africa Band ?
FT : Oui, Africa Band est un groupe plus ou moins connu de la scène casablancaise car il a été formé au milieu des années 80, alors que du lait battu me sortait encore du nez, et qu’il s’attaquait à des reprises de groupes à la musique complexe (John Miles, Queen, Genesis). Je découvre le groupe en 1997 alors que je suis étudiant en architecture d’intérieur et je suis engagé comme 2ème guitariste du band pour jouer 4 fois par semaine à La Cage (ancienne boîte connue qui se situait au Centre 2000, emplacement de la nouvelle gare de Casa). Le groupe était alors composé de Yonnel Lallouz à la batterie, Anas Laghzaoui à la basse, Samir Sijilmassi à la guitare et Michael au chant. Nous reprenions un répertoire très éclectique (Prince, Eagles, Europe, Gun’s , Phil Collins, Metallica, Joe Satriani). On organisait plusieurs petits concerts, tant bien que mal… A cette époque, organiser un concert était beaucoup moins évident qu’aujourd’hui… Mais bon, on s’auto-finançait, on perdait de l’argent mais c’était notre kif… Ensuite, comme nous nous attaquions à des morceaux plus orchestraux, plus opéra rock, Yonnel est passé aux claviers et Farid Squalli est passé à la batterie avec Amadou à la basse et une participation de Oum pour un concert spécial Rock 70-80′s organisé par nos soins sur un terrain de tennis dans un club devant 1200 personnes, c’était en 2006. Et depuis, walou, ça nous grattait de faire un concert et voila, 22 septembre au Megarama.
LC : Justement, le 22 septembre, projet audacieux : Hommage à Pink Floyd. Pourquoi spécifiquement ce groupe et en gros, que verra t’on sur scène ?
FT : Le choix de Pink Floyd est double : d’abord parce que c’est un groupe qui a marqué et marquera à jamais l’histoire de la musique contemporaine par les émotions qu’ils ont réussi à transmettre à travers leur son et leurs harmonies. Ensuite, parce que c’est un défi. Jouer du Pink Floyd nous demande beaucoup de précision, de sensibilité, de cohésion technique musicalement parlant et est un prétexte magnifique à l’illustration. Le show sera composé de la performance musicale bien sûr avec Bruno Viricel aux commandes du son (Ingénieur du son de Pascal Obispo) et également de la performance visuelle (Vidéos, lumières, laser). Nous travaillons sur une véritable mise en scène. Nous ne voulons pas jouer du Pink Floyd à l’identique, nous l’accommodons à notre manière avec notre son et nos influences musicales, ce sera du Pink Floyd plus rock. Et enfin nous avons orientalisé légèrement quelques morceaux comme Hey You avec une intro au Luth.
LC : Revenons-en à vous, Gnawa’s Gone Crazy, premier single solo, what’s the story ?
FT : Gnawa’s Gone Crazy est un single que j’ai enregistré il y a 3 ans. C’est un essai sur une fusion de l’ensemble de mes influences musicales. Il y a des références à énormément de groupes (Yes, Depeche mode, The cure, Extreme, Lorena Mc Kenitt, Queensryche, Genesis). C’était un exercice pour moi et j’ai en effet beaucoup de chansons sur le papier qui ne sont pas encore enregistrées. Manque de temps et surtout de financement. Je remercie d’ailleurs en passant Franck Mathiau de la Radio Atlantic qui a diffusé cette chanson sur son antenne pendant plusieurs mois. Mais je compte bien sortir mon album, laisser mûrir est une bonne chose, je suis nostalgique de l’époque où il fallait un an à des groupes pour enregistrer un album.
LC : En bon musicien et donc, œil critique que vous êtes, comment voyez-vous la scène musicale marocaine ?
FT : Je trouve génial ce qui arrive au Maroc. L’apparition d’une scène musicale est un formidable signal de la mutation de notre société. Il y a du bon et du moins bon mais c’est le début, et l’ensemble des groupes apprendront à mûrir. Les groupes ont besoin de professionnalisme pour livrer des performances scéniques dignes de ce nom et c’est en tournant qu’on apprend ça. Malheureusement, les seules occasions aujourd’hui pour un groupe de se produire au Maroc sont les festivals. Il faut des salles où les groupes pourront jauger de leur réelle popularité et impact et surtout gagner de l’argent, en attirant LEUR public… Il faut redonner une valeur à une performance artistique.
LC : Un last but not least mot pour les Cassetiens qui VONT aller voir le show ?
FT : Come and see the Dark Side Of Africa Band ! Je voudrais également remercier tous les membres du groupe qui forment une équipe formidable : Yonnel Lallouz à la batterie, Amadou BA à la basse, Nabil Senhaji aux claviers, Saad Bouaamri au violon et luth et les choristes : les délicieuses Kao Lucas, Horia Serhane ainsi que mon pote Mehdi Okacha. Rendez-vous le 22 septembre au Megarama de Casablanca. Prix des places : 100 et 200 dhs.