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La première chose que Jou-Jou fait quand il emménage quelque part. Installé sur la terrasse de la petite maison de ville coincée dans une petite rue, il saisit son téléphone intelligent et pianote sur le clavier virtuel.
L’orientation du lit, la position des meubles, la position de la pièce dans l’ensemble architectural.
Bien entendu, il se goure complètement. Il passe une semaine à se réveiller vaseux, en maugréant. À geindre en silence. À s’affaler de longues minutes sur une chaise, ruminant, dans un coin de sa piaule.
Je mets toujours beaucoup de temps à m’habituer à un nouveau lieu.
Le week-end suivant, opération éclair inversion de piaules. Parce que la taille des cernes de Jou-Jou donne une idée de l’état de son karma.
Question de survie.
Après avoir mis ses slips et ses chaussettes dans la commode, ses pantalons et ses chemises dans le placard, il inverse la disposition des meubles.
Là, c’est cool.
Il repensera cette même disposition deux semaines plus tard.
Et je vais sans doute le refaire avant la fin de la campagne.
Ce même mec, le matin, au réveil, fonce dans le frigo. Et mange du pollen. Des petits cristaux de poudre compactée, semblable à du crack, certains jaunes, d’autres bruns. Il prend un petit pot en verre, dévisse le couvercle et s’empiffre. Une bonne rasade de poudre longtemps coincée sur le cul des abeilles avant d’atterrir sur sa langue. Et de glisser dans son bide.
Complètement sain. Complètement naturel. Ça m’fait un bien fou.
Des années durant, il a cultivé du cannabis. Il l’a patiemment récolté. L’a stocké dans des grosses gélules jaunes. En plastique souple. Des boîtes à Kinder. Puis il a étiqueté chaque boîte. Tranquillement. Calé sur canapé.
Blue 2006
Dactylographiées, les étiquettes.
Un nom une année.
Le tout stocké dans son congélateur.
Quand il part en vadrouille, en vacances, en déplacement, il prend quelques grosses gélules avec lui. Quand son stock se termine, il ne fume que du shit. La seule Weed à chatouiller ses poumons, c’est la sienne.
Parce que.
Ce mec, sa Weed, Leen-C les croque en une phrase.
Ce mec parle à sa Weed.
Elle tire sur sa Philip Morris.
Je l’ai vu faire. À partir de là, tout est dit.