Elle me bat toujours à la console de jeux géante lorsque nous allons au fast food. C’en est presque vexant, cette dextérité alors que je n’ai toujours pas compris à quoi servaient ces tas de manettes et de boutons ornés de ronds, de croix et de carrés. Elle jongle avec toutes les marques de GSM comme si elle avait fait quatre ans de maîtrise géèsseèmeèsque. Elle connaît déjà des mots dont j’ignore le sens.
Elle a dix ans seulement et elle est tombée dedans quand elle était petite. Pas comme moi. Je suis déjà d’une génération qui doit ramer face aux progrès technologiques.
Pourtant il fut un temps où j’étais une pro en la matière, je n’avais pas mon pareil pour programmer un magnétoscope. Maintenant j’envisage de commencer une licence pour y parvenir encore. Le progrès ma bonne Dame, le progrès.
Ce jour là pourtant, elle chipotait avec un GSM qu’on lui avait confié pour quelques instants.
Elle testait un jeu.
Pendant ce temps, je chipotait moi-même avec un autre GSM, génialissime, qui permet d’accéder au net, comme par magie : je regardais donc la tête de mon blog à travers un GSM à écran large, subjuguée par ce progrès.
Au bout d’un instant, elle me tendit le GSM et me dit : « marraine, tu peux m’expliquer comment ça marche, ce jeu, je ne connais pas. »
C’était Pacman. Pacman !
Une bouffée d’enfance m’a alors sauté au visage (une bouffée d’orgueil aussi : elle avait besoin de moi, pour une fois). Une bouffée de nostalgie. Pacman ! Puis un fou rire : ma petite loute de de dix ans, elle ne connaît pas Pacman, mais moi oui. Moi oui.
J’ai aimé ce moment, cette incrédulité qui m’a envahie, puis cette mini euphorie : je connaissais enfin un jeu dont elle ignorait tout.
La morale de l’histoire (Anaïs va se la jouer moralisatrice ce dimanche) : chaque génération est utile à celle qui la précède, mais également à celle qui la suit.
Qu’on se le dise.
C’est ce dessin de Mako qui m’a remis en mémoire ce court épisode d’une soirée pourtant récente, que j’avais totalement oublié.