Magazine Journal intime

Hygiène de vie

Publié le 14 septembre 2011 par Fyfe
En cette rentrée, je me suis inscrite à la Babygym.
Dans le groupe des 3-4 ans.
Oui je sais, cela paraît étrange au premier abord, mais tout va s'éclairer rassurez-vous.
Le dossier d'inscription est au nom du Crampon, mais ne vous méprenez pas : c'est un piège.
Le concept de la Babygym, c'est donc de payer des gens en justaucorps en velours et aux mains talquées, pour qu'ils vous laissent passer une heure dans un gymnase avec votre ou vos enfants.
Il y a beaucoup de choses que je pourrais apprécier de faire à 10h30 un samedi matin ensoleillé. La première qui me vient à l'esprit consisterait à finir doucettement ma nuit dans la chaleur de ma couette, mais je n'exclus aucune option à base de bain moussant, bon roman, ou apéro en terrasse avec un peu d'avance.
Bizarrement, macérer une heure dans un gymnase à 35°C en compagnie d'une légion de mycoses et d'odeurs de transpiration et de vieille chaussette n'en faisait pas partie.
 Ne me demandez pas ce que je faisais donc là, je n'en sais rien, et je n'ai pas mieux su y répondre quand je me suis retrouvée au milieu d'une soixantaine d'enfants entre 1 an et 6 ans, et le double de parents.
Pour bien visualiser l'ambiance, il faut imaginer simultanément 60 sources de cris aigus (enfants excités), 120 sources de cris plus graves (parents énervés), et bien évaluer l'aptitude parentale à la patience quand il fait 35 degrés.
Voilà.
Envie de fuir ? Oui, je sais, c'est nor-mal.
Mais vous êtes piégé. Les enfants ont d'ores et déjà endossé leur rôle de coach sportif, ils ne vous laisseront pas repartir avant de vous avoir fait dépenser votre dernière calorie.
Ensuite, les gens en justaucorps font des groupes de niveau. Le niveau de résistance sportive des parents est évalué sur la base de l'âge de leur progéniture, étant entendu que plus l'enfant est jeune, plus le parent est endurant (question de survie).
Par chance, le groupe des parents les plus entraînés (enfants de 1an 1/2 à 2 ans 1/2) était complet, et nous avons donc rejoint le groupe juste au-dessous, avec la conviction que nous n'allions faire qu'une bouchée des parents des enfants de 4 ans (petits joueurs, je parie que leurs mômes dorment jusqu'à 9h le week-end).
Les gens en justaucorps hurlent ensuite quelques consignes (lancer le ballon, sauter sur le trampoline, courir, faire le parcours, etc.).
Personne n'a rien entendu, mais ce n'est pas grave, les enfants sont désormais les coachs personnels de leurs parents, et n'en font qu'à leur tête.
Pour notre part, le Crampon a décidé de tout miser sur l'entraînement cardio pour cette première séance : beaucoup de courses derrière lui sur les coussins mous, sur les trampolines, sous les barres asymétriques où s'entraînaient des grands, etc.
Redoutable efficacité, bravo le Crampon.
Ensuite, nous avons couplé travail cardio et motricité des membres supérieurs. Il s'agissait de rattraper ou aller chercher le ballon que lançait le Crampon pour vite vite lui rapporter et lui permettre de recommencer.
Nous avons également rampé par terre, marché à quatre pattes, accroupis, et dans un éventail de positions que la morale m'empêche de nommer.
Au delà de l'entraînement physique, je pense que les enfants avaient décidé de rappeler à leurs parents les notions simples d'humilité dans le sport.
Dans cette épreuve, tous les parents concentraient leur attention sur leur enfant (afin d'éviter de croiser le regard des autres adultes, ce qui est bien compréhensible), et tous suppliaient leur coach personnel de les imiter. Mais la plupart des enfants n'ont pas fait preuve de faiblesse, et ont laissé leurs parents seuls face à leur destin. C'est important le mental, dans le sport.
En fin de séance, nous avons eu droit à un entraînement assez extrême à la résistance acoustique ainsi qu'à la self-défense (à base de hurlements de Crampon et de tentative d'immobilisation du Crampon -il fallait parer les coups, pas évident ce truc-là, à retravailler).
Quand les enfants ont jugé bon de rejoindre le vestiaire, le soupir de soulagement des parents épuisés a résonné dans le gymnase.
Et puis voilà, une bonne douche pour toute la famille, et le week end pouvait reprendre son cours, avec la satisfaction d'avoir fait du bon boulot (manger - bouger, tout ça tout ça).
J'ai eu grand plaisir à constater qu'il y avait des coachs bien plus cruels (pour ne pas dire sadiques) que le Crampon.
C'est une révélation.
Et une satisfaction personnelle que j'ai un peu de honte à avouer.
Dans la catégorie joie et bonheur de la Babygym, le Crampon, bien fatigué par ses efforts d'entraîneur, a filé à la sieste sans négocier et s'est endormi en moins de temps qu'il ne faut pour dire "courbature".  Pour 3 heures. Miraculeux.
Moins miraculeux : même constat, même sanction dans le camp des parents.
La vie appartient peut être à ceux qui font du sport tôt, mais on oublie trop souvent de citer son corollaire : l'après-midi appartient à ceux qui font la grasse matinée.

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