Magazine Journal intime

Le marin à l'ancre

Publié le 15 septembre 2011 par Araucaria

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Quatrième de couverture :

Roland, myopathe, est cloué dans un fauteuil roulant. Son ami Bernard, ancien marin aujourd'hui acteur, lui a écrit pour partager ses voyages à travers le monde, ses aventures cinématographiques et personnelles. Ces lettres, au style à la fois brutal et poétique, mêlent les souvenir du jeune homme qu'était Bernard aux réflexions de l'homme qu'il est devenu.

"Un jour tu m'as écrit, comme ça, comme on écrit au voyageur, pour savoir. Tu m'a lancé une bouée à laquelle tu étais accroché. Je l'ai saisie au passage entre deux vagues. Et puis les années...moi qui bouge, toi qui restes moi qui bouge, toi qui reste - dix ans!"

Un texte magnifique... Un roman poétique qui invite aux voyages et qui commence ainsi :

"Roland avait une grosse tête douce et intelligente. Il portait des lunettes. Son corps était petit, ramassé, torturé. Il vivait dans un fauteuil électrique qui était sa deuxième

peau, son char, sa Formule 1. Une fois corseté, plaqué, sanglé, il était apparemment droit et prêt à l'abordage, le menton en étrave. Il tirait alors son cou vers le haut, vers les autres, ceux qui étaient debout. Le visage de travers, une cigarette au coin de la bouche, il allait pêcher des regards et des sourires. Il puisait la vie sans relâche. Mon ami Roland était échoué sur le carrelage de Saint-Jean depuis l'enfance. Il fut l'artisan de notre rencontre en 1987. IL bougeait encore les mains d'une main droite qui commençait à s'engourdir. Il était en sursis depuis plusieurs années et sa survie était exceptionnelle. Il ne voulait plus "voyager" seul, les yeux clos. Je l'ai donc "emmené" là où j'allais en écrivant des lettres que vous lirez peut-être. Nous avons partagé mes voyages jusqu'à sa mort, en 1997. Il avait 53 ans.

Son char sillonnait les couloirs de l'institut pour aller de sa chambre située au deuxième étage jusqu'aux salles e classe du rez-de-chaussée. Il enseignait à de jeunes "soldats" aussi handicapés que lui. Ces dernières années, il ne bougeait plus que très légèrement la tête mais son regard et son rire étaient et demeurent les plus belles réponses à me lettres. On comprendra qu'elles ne puissent figurer ici mais c'est très regrettable. Un soir à son initiative comme toujours, il a proposé d'aller réellement aux Iles Marquises, dans son fauteuil, lui sur mon dos comme un sac, heureux de partager physiquement pour une fois une aventure avec moi. Le pari fut pris. Ce fut un rêve de plus, un voyage improbable pour ce marin à l'ancre qui est parti un matin de décembre à Hiva Oa sans moi."

  

Bernard Giraudeau - Le marin à l'ancre  - Points P1041 -


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