Plagiat littéraire ? Naaaaan, j’ai trouvé un nouvel argument…

Publié le 15 septembre 2011 par Paumadou

Vous le savez peut-être, j’écris et je peins. Bon, en ce moment, je copie une toile de Maurice Denis, Les Muses (12h de boulot pour l’instant et je commence à en voir le bout )

Ce que vous ne savez peut-être pas, c’est que peindre ou écrire pour moi, c’est à peu près pareil : peindre, c’est représenter quelque chose d’une certaine manière. Ecrire, idem.
Dans un roman, Esquisses (que dont j’ai arrêté la réécriture parce que j’en avais marre et envie de passer à autre chose) , c’est justement un des thèmes : écrire, c’est comme peindre.

Bon, vous allez me dire, ok, d’accord, mais en quoi ça concerne le plagiat littéraire ?
J’y viens.

Je peignais donc en essayant de pas trop me planter et de coller au plus près de ma reproduction des Muses en 15x25cm (oui, je n’habite pas Paris, moi, je peux pas aller copier direct sur les lieux, d’autant plus que la toile est sous droit d’auteur jusqu’au 1er janvier 2014… donc je sais pas si j’aurais eu l’autorisation d’Orsay, même si un artiste a le droit de faire une copie de toile sous droit pour son usage personnel -sous-entendu pour sa formation et mettre dans son salon, mais pas pour vendre)

BREF

J’essayais de coller à ma reproduction, tout en sachant que les couleurs étaient fort belles, mais très éloignées des teintes marronnasses de l’original. Moi, j’aime bien la couleur et j’aime les tons clairs.
J’ai donc utilisé du jaune de Naples au lieu de l’ocre jaune et de la laque rouge au lieu d’un rouge indien (que j’ai mis ailleurs)… Ce n’est donc pas une copie conforme, c’est une adaptation. Mais personne ne pourra dire « c’est une oeuvre originale », c’est sûr, ça ressemble trop au tableau de Denis.

Que ça ne soit pas conforme, ça ne me dérange pas, tant que le tableau me plaît. Une fois j’ai copié La Belle Ferronnière de Vinci. Je suis très contente du résultat, même si le visage n’est pas exactement le même que l’original. J’ai aussi fait un début de copie de La Belle Jardinière de Raphaël. Mais étant devenue enceinte (non, je ne suis pas tombée…) j’ai arrêté par peur des vapeurs de térébenthine. Ça fait six ans que la toile est dans mon salon et ma foi, elle me plaît tellement telle qu’elle est que je ne la terminerais jamais. L’important dans la copie, c’est d’apprendre comme le « Maître » a fait, de chercher, de trouver, de s’imprégner du travail de l’artiste, de trouver les bonnes couleurs, les bons assemblages… Bref, c’est fait pour apprendre ! Et il faut être content du résultat.

Revenons-en au plagiat littéraire puisqu’une très récente affaire a fait couler beaucoup d’encre. Le coupable se présentait dernièrement comme « victime », essayant par tous les moyens de se justifier (intertexte, hommage, comparaison avec La Fontaine ou Montaigne…).
Je lui ai trouvé une excellente excuse (de plus), la prochaine fois qu’on l’accusera, il pourra dire ceci :

« J’ai fait une copie. Non pas un plagiat, mais une copie, comme un peintre en copie un autre. Pour apprendre, pour m’exercer, pour m’entrainer. Normal que les phrases ne soient pas exactement les mêmes, mais qu’elles se ressemblent étrangement. Je suis un excellent copiste (pas un plagiaire, nanananananan, un copiste d’art) »

Cela devrait flatter son ego, même si ce n’est pas aussi prestigieux que de se comparer à Montaigne… Enfin, je rappelle que le copiste ne doit pas signer de son nom ou imiter la signature de l’artiste… Histoire qu’on ne croit pas qu’il est l’auteur de l’oeuvre originelle. Mais là, je n’accuse personne de faux. Naaaaan, c’est pas mon genre !