Quand je me réveille, Antonin est déjà parti. La lumière du simulateur d’aube est à son zénith. Combien de temps ai-je pu dormir ? Je m’étire, je baille. Hier, j’ai cuisiné les poissons argentés sortis de ma bouche. Je regarde le tas de perles amoncelées à côté du lit. C’est ça, aujourd’hui, je vais me fabriquer des colliers. Je suis devenue l’autarcie incarnée. Tout ce qui sort de ma bouche est d’or ! Je n’ai plus à travailler, il me suffit de parler.
Je me tais. Contemple ma propre idiotie. Je ne travaille pas de toute façon. En l’occurrence, en temps normal, je ne rapporte rien. Alors, c’est ça ? L’extraordinaire m’apporte son pesant de cacahuètes ? Etrangement, je ne panique pas. Basculer dans les contes de fée de ma grand-mère est aussi léger que se laisser porter par une balançoire au printemps.
Ok, la place dans le lit à mes côtés est vide. Mon homme a fui. Mais, après tout, c’est peut-être ce que je voulais.
Je me lève, prends mon miroir de courtoisie et me salue : « salut beauté ! » Un temps, que va-t-il sortir ? Je ferme les yeux et pense très fort : « mystère et boules de gomme. » Ca marche ! Des bulles de chewing-gums volent autour de moi. Magie, rêverie nébuleuse et paf, pince-moi si je rêve, coups d’élastique et retour brutal au réel… Les boules de gomme éclatent avec violence et viennent mourir dans mes cheveux.