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Lorsqu’une belle courbe, ronde et serrée, se casse...

Publié le 18 septembre 2011 par Fabrice @poirpom
Lorsqu’une belle courbe, ronde et serrée, se casse...

Lorsqu’une belle courbe, ronde et serrée, se casse soudainement en un angle droit, c’est surprenant. Suffisamment pour écrabouiller n’importe comment la pédale de frein et pousser le guidon un peu trop fort.

Soit.

Paris, 2003. P.H. SERVAJEAN rêve de piloter sa moto sans perdre son style ni sacrifier sa sécurité. Fou de technologie, le créateur français a l’idée de mélanger du coton et des fibres techniques pour créer la toile de jean la plus résistante du monde. C’est la naissance de l’ARMALITH®.

Dans le genre tartufferie marketing, c’est du Zola.

Soit.

Lorsque la roue arrière décroche, que l’angle de la moto est trop important, la première chose qui disparait, c’est l’horizon. Le monde devient bleu ciel. En caressant le bitume du coin de la fesse, l’armalith® passe de tartufferie à costard de super-héros. Prosaïquement, ce truc: de très fines lamelles de kevlar enroulées autour des fibres de coton.

Soit.

Sur le bitume, l’étrange sensation de faire une course de caisse à savon avec le cul. L’accotement en terre se rapproche tranquillement. Monture et motard amorcent un doux tête-à-queue. Agripper le guidon de Kakoueta. Hors de question qu’elle aille chatouiller un platane. La terre met un terme à la glissade.

Pour redresser un fer de 230 kilos, il faut simplement avoir envie de continuer la ballade. Rouler, enquiller les pifs pafs, traverser une forêt sur près de vingt bornes, s’en cogner une dizaine coincé à cinquante à l’heure dans une concentration de centaines de motards qui a choisi le même jour pour traverser la région, siroter des Perrier en terrasse, et rouler. Encore. Tout cela motive.

Debout, le pare-carter est limé pliê. Mais le moteur, intact. La cale-pied fendu. Mais la bécane, intacte. Le cuir indifférent à l’incident, trop limé par les années et les bornes; la Timberland a quelques petites traces de croc sur le flan gauche. Mais le motard, intact.

Le temps de pédaler sur la boîte de vitesses pour retrouver le point mort et, d’une pression sur le démarreur, le moteur repart.

En tournant la poignée de gaz, le velouté des pots se corse.

En pressant le sélecteur, la première s’enclenche. Les autres suivront.

En pressant la commande de frein, un transfert de masse arrière-avant s’opère.

En poussant le guidon, la moto s’incline. En le lâchant, au sommet d’une descente, pour laisser Kakoueta vivre sa vie, un truc bête surgit dans le crâne.

C’est cool d’être en week-end.

Soit.


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