Certains droits réservés par treyevan
Cette rubrique est à vous. J’y publie les récits que je reçois.
Certaines histoires ressemblent à des contes de fée, d’autre sont beaucoup plus douloureuses.
J’ai pris le parti de tout publier.
La vie est ainsi faite.
madameparle@yahoo.fr
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Magali nous raconte la naissance de sa fille le 6 mars 2007
Si on me connaît, on sait que pour moi la maternité était une chose d’incontournable et même d’indispensable à mon épanouissement. Mon désir d’enfant était présent viscéralement et je ne pouvais faire abstraction de lui, il m’enveloppait dans un carcan de coton et le rêve se devait de se réaliser un jour. J’ai attendu longtemps avant que ce désir ne soit assouvi, puisque Mathieu n’était pas aussi prêt que moi pour cette aventure aux longs cours et je dois reconnaître que le fait d’avoir attendu m’a rendue plus mûre au moment de m’occuper réellement d’un enfant. La responsabilité est telle qu’on ne peut l’imaginer avant d’être mère. Quand j’ai appris ma grossesse la première fois, j’étais si heureuse que j’en ai pleuré instantanément de joie. Trois longues années de patience pour obtenir le bon vouloir de Mathieu de se lancer dans l’aventure et onze mois difficiles à vivre d’essais infructueux . J’avais pas loin de 26 ans quand j’ai tenu pour la première fois un test de grossesse positif entre mes mains. La grossesse se passa sans nuage, au fil des rendez-vous, des échographies, des achats pour notre fille, à la préparation de sa chambre qu’on voulait gaie et colorée, avec un thème bien précis, celui de la savane africaine. Les mois défilaient sereins à tricoter, à regarder le Seigneur des Anneaux en boucle, à ne m’occuper que de moi, rêvant au futur visage poupon de notre petite puce à venir. Même lorsqu’on m’annonça qu’elle était dans une position pas forcément favorable pour une venue au monde par les voies naturelles, je ne m’inquiétais aucunement. J’avais toute confiance et ne me posais aucune question, je continuais de vivre cette grossesse le plus paisiblement possible. J’avais bien quelques angoisses, des craintes liées essentiellement à mon devoir de mère, aux nouvelles responsabilités qui allaient m’incomber mais nullement à une éventuelle césarienne ni aux complications que celle-ci pouvait éventuellement générer. Le fait que ma fille était en siège ne m’ennuyait pas réellement et s’il fallait en passer par une césarienne, eh bien j’y passerai. Je ne pensais pas à la suite, je ne m’interrogeais sur rien, je voulais juste mon bébé. Et j’eus effectivement droit à une césarienne programmée le 6 mars 2007.
Récit de la césarienne écrit en 2007 : Ta venue au monde
Le 5 mars, dans l’après midi, Mathieu et moi partons pour la maternité. Nous prenons juste ma valise au cas où, rien n’est certain, il se peut que bébé se soit retourné depuis le dernier rendez vous du 12 février avec ma gynécologue. Ceci dit, j’en doute fortement, je n’ai jamais ressenti que ma puce ait bougé d’une façon significative pour se mettre la tête en bas. Au contraire, je sentais toujours les petits petons taper en bas et une bosse qui devait être sa petite tête vers le côté droit. Quoiqu’il en soit, je n’étais pas certaine de vouloir que tu te retournes. J’avais très envie de te voir le 6 mars même si je devais en passer par une césarienne programmée.
Je ne dis pas que l’idée de me faire ouvrir ne me faisait pas peur. mais l’idée d’accoucher par voie basse me faisait autant peur donc à choisir, autant faire comme Océane l’aurait décidé. Et donc durant le rendez vous, la discussion s’enchaine :
Avez vous senti bébé se retourner??
Non…
Bon. Alors on va voir ça à l’écho. Pesez-vous s’il vous plait.
Je me pèse. la balance de chez moi m’avait trahie, elle me mettait presque 64 kg ce qui faisait un total de 13.5kg en tout depuis le début de la grossesse. Sur celle de la gynécologue, je ne faisais que 62kg. Je n’en revenais pas! Elle m’a dit, que j’avais pris donc 12kg et j’étais plutôt contente au fond. Elle m’a même félicitée!!
Durant, l’écho, elle me confirme que bébé est toujours en siège. Mathieu demande si elle peut revoir le sexe. Eh oui, j’avais émis des doutes à cause d’un rêve idiot que j’avais fais quelques jours auparavant où celui qui me ramenait mon bébé me disait: voilà un superbe petit garçon. Et moi de le regarder effaré il rigole et me dit : Mais non, je plaisantais, c’est une fiiiiiillle!!! pfff z’êtes con ou quoi???? Enfin bref.
Donc, la césarienne est maintenue pour le lendemain matin. Elle me dit que c’est elle qui va pratiquer l’intervention ce qui me rassure franchement. Je la connais et comme elle est d’un naturel plutôt doux, cela me met en confiance. Et dire que c’était aussi sur elle que j’étais tombée quand j’avais eu tellement peur de perdre mon bébé courant juillet suite à quelques pertes rosées… Elle m’avait donné ma toute première photo d’Océane, celle d’ailleurs que Mathieu et moi préférons entre toutes.
Sachant que je reste à la maternité le soir même, Mathieu reste le plus longtemps possible en ma compagnie. Je me sens en même temps heureuse et chamboulée. Le fait de savoir à l’avance ce qui allait m’arriver me donnait des frissons mais j’étais tellement impatiente de faire la rencontre de mon enfant que cette sensation s’envolait. Nous serions parents dés le lendemain suite à une longue maturation physique et psychique, à l’évolution de notre bébé…
Nous nous rendons au premier étage de la maternité, et nous dirigeons vers l’antre des Sages femmes. On me fait asseoir pendant que Mathieu reste debout à l’arrière pour surveiller mes affaires. On me demande le prénom que nous avons choisi pour notre enfant, son nom de famille etc. Cela me fait tout bizarre de donner son nom en entier. Pas encore là, mais elle existe déjà avec son identité propre. On m’installe à coté pour faire une prise de sang, je suis tout sourire, ça pique un peu mais je suis zen. je regarde Mathieu qui me fixe intensément et je lui souris pour lui montrer que je n’ai pas mal. Puis on nous emmène à la chambre. C’est tout au bout du couloir, c’est long, je peine un peu à marcher mais on y arrive. On entre et on découvre une chambre plutôt sympathique avec cadre au mur, un lit multifonctions, Mathieu aurait l’aimé l’avoir à la maison celui là avec la manette pour bouger le dossier ou les pieds etc.!! Je lui dis d’arrêter de rêver hihihi. Ma hantise se révèle inutile, j’ai ma salle de bain à moi ainsi que des WC et cela me ravit purement et simplement sans compter que je savais par avance que je serai seule dans la chambre. J’ai du pot. Tout est super propre et voilà. Je déballe mes affaires et je m’y sens pas trop mal.
Sauf que Mathieu s’en va. Alors un pincement au cœur me fait comprendre que je vais le revoir uniquement le lendemain. Il me promet de venir très tôt, avant 8h pour me voir avant l’intervention. Le soir, on m’apporte mon dîner. Ce n’est pas folichon mais je m’en fiche. j’avale et je me dis que le lendemain bébé sera là. Je fais toujours attention à mon alimentation, la salade ne me parle pas, je la laisse telle quelle. Puis vient le moment de blues où je me sens assez seule. Mais comme j’ai finalement sommeil, je dors d’un sommeil de plomb jusqu’au lendemain.
Comme promis, Mathieu vient à la maternité pour 7h30, je suis réveillée depuis déjà une bonne heure tellement je suis surexcitée par cette journée. Je ne dois pas manger ni boire, donc je prends juste une douche avec la Bétadine et j’attends le moment crucial. Je suis super heureuse de voir Mathieu mais peu de temps après son arrivée, un brancardier et sa co-équipière viennent me chercher. Je me sens toute drôle, pas très à l’aise mais ils sont très gentils, me parlent, me demandent si c’est une fille ou un garçon, me demandent le prénom que je donne volontiers… Ils m’emmènent et je fais un dernier coucou à Mathieu qui va voir les Sages femmes pour savoir où il doit exactement m’attendre. le lit roule, je me sens bizarre. On me fait des compliments sur mon petit ventre qu’on ne trouve pas gros… ah ouais??? Vous le portez pas vous!!! Hihihi et je vois des couloirs défiler, je ne sais déjà plus où je suis, un ascenseur et puis du monde… on s’arrête et là, on me laisse dans une salle qui précède la salle opératoire, je vois que des gens s’affairent autour de moi, on me fait de grands sourires auxquels je réponds avec des bonjours jusqu’aux oreilles. ça fait du bien de voir des gens gentils qui me disent que je suis toute belle. Ce ne sont que des mots, mais ça fait plaisir et ça met franchement en confiance.
Une fois là, une boule dans ma gorge se forme. Des larmes coulent. Je crois que je prends conscience que la toute dernière ligne droite va être franchie dans peu de temps, que ce ventre dont on me fait l’éloge aura quasiment disparu une fois bébé dehors, que justement, j’allais découvrir ma fille… Tout cela tournoie dans ma cervelle, j’aimerais pouvoir maîtriser mais je ne maîtrise déjà plus rien. J’avais espéré que cela se passe ainsi, je ne regrette rien mais la peur me cloue sur place. Les infirmières et autres intervenants se rendent compte de mes larmes silencieuses, on me sourit en me rassurant toujours, on me donne un kleenex avec lequel je m’essuie maladroitement puis je le serre comme si c’était la dernière chose qui me rattachait à ma grossesse.
On m’introduit dans la salle où Océane va voir le jour (si je puis dire, il n’y a aucune fenêtre pour voir le jour) et je regarde partout autour de moi, curieuse de chaque instrument, de chaque chose, de chaque passage, de la moindre agitation. Je me sens calme, je respire, j’appelle mon oncle défunt pour qu’il me soutienne encore une fois, qu’il m’encourage. je suis assise en attendant l’anesthésie péridurale, la tête recourbée, je suis en communion avec lui et les infirmières s’inquiètent car j’ai juste fermé les yeux. Non non, tout va bien… Je relève la tête et on me demande de me mettre en position pour l’anesthésie. L’anesthésiste est le même que celui rencontré avec Mathieu le 12 février au matin, quelqu’un de jovial et qui nous avait déjà fait bonne impression à tous les deux. On m’allonge, on me prépare, on me réchauffe, on me parle et l’anesthésiste sort des blagues auxquelles je ris. Il me demande si j’ai compris, oui bien sur, il me demande si je pourrais les répéter… alors là non, aucune mémoire pour ça, je ne me souviens jamais des blagues qu’on me raconte hihihi. En bref, on rit bien ici. L’ambiance décontractée finit par vaincre mon stress qui reste omniprésent mais qui ne reste pas sur le devant de la scène. je suis détendue. On me dit de rester détendue notamment pour Océane. Pas besoin de lui envoyer en plus de tout de l’adrénaline et je pense plus que tout à elle à ce moment précis.
Ma gynéco arrive en blouse et elle me dit bonjour. Je devine son sourire derrière son masque et ses lunettes. Elle me demande si je la reconnais. Oui bien sûr!! Ne serait ce que par la voix. Tout le monde s’active toujours autour de moi. On m’envoie de l’air chaud via un gros tuyau et je me dis que c’est imminent maintenant. Je croise les doigts pour qu’on me présente ma fille avant qu’on l’emmène voir son père. D’ailleurs, je demande timidement si je pourrai la voir un peu. On me certifie que oui, pas longtemps certes mais Oui. Cela finit de me rassurer. Alanis et iulie m’avait dit que le premier regard était primordial et je n’avais envie de le manquer pour rien au monde.
Ça y est, le moment arrive. Ce moment redouté et attendu, je souris toujours, je ne sens pas grand chose à part que ça bouge pas mal, je sens qu’on s’affaire pas mal… J’essaie de ne pas trop penser au fait que l’on m’ouvre, je ne pense qu’à mon bébé. Les choses vont vite, et on me dit là voilà et des oooh qu’elle est belle!!! On me baisse le champ opératoire et on me l’a présente, elle vient juste de naître et là…
Je vois le plus joli regard qu’il m’ait été donné de voir. je la dévisage, je suis tellement émue que j’en reste presque sans voix. si, je répète juste qu’elle est belle et son image reste gravée dans ma mémoire telle une photo prise instantanément, une photo qui est devenue indélébile dans mon cerveau. Pour dire, j’ai encore cette vision de ma fille et de son premier regard. C’est vrai, c’est tellement important le premier regard! Et, dés cet instant, j’ai pensé aussi à Mathieu en me disant que c’était son portrait craché. Comment en si peu de temps le remarquer? Je ne sais pas, mais même si Mathieu n’était pas présent et près de moi, je le sentais proche en mon cœur par l’arrivée de cette petite fée de l’amour qu’était notre fille juste arrivée à 9h26 du matin en ce jour du 6 mars 2007.
J’ai aussi eu le privilège d’avoir ma fille quelques instants sur moi, tête contre tête. je l’embrassais et la caressais comme je pouvais. Nous étions à nous fixer elle et moi, nous devions certainement loucher mais peu importait. J’étais si heureuse de la sentir contre moi même si ces instants ne devaient s’éterniser, cela me suffisait. A Mathieu d’en profiter aussi et cela me rassurait de savoir qu’il allait la découvrir très bientôt.