C’est parait-il le plus gros animal ayant jamais existé sur la planète. Plus gros que le plus gros des dinosaures, la baleine bleue peut dépasser 30 mètres de long et ses 170 tonnes laissent derrière elle une trainée lisse sur l’océan par temps calme, dévoilant sa direction. Elle fait surface environ toutes les dix minutes pour respirer, ses évents jumeaux caractéristiques projetant des jets d’eau à plus de 10 mètres de hauteur. La baleine n’est pas équipée de système d’écholocation — le « sonar » des dauphins — et mieux vaut donc s’écarter d’une telle masse en mouvement lorsqu’elle s’approche.
La plus grande population connue de baleines bleues se distribue des côtes de l’Alaska jusqu’au Costa Rica, et on en aperçoit souvent au large des côtes de Californie en été. La visite de quelques amis venus de Pennsylvanie ce week-end était donc l’occasion de partir avec eux observer ces forces de la nature dans leur élément.
Il y a deux principaux points d’observation des baleines au large de la Californie du Sud : proche de Los Angeles, au départ de Newport Beach, et plus au Sud entre Los Angeles et San Diego, au départ de Dana Point. On a observé jusqu’à 40 baleines bleues chaque jour au large de Dana Point tout au long du mois d’août. C’est donc là que nous nous sommes rendus pour la plus grande chance de croiser un spécimen de ce mammifère géant. Et effectivement, il aura suffit de quelques miles et une dizaine de minutes en mer à bord d’un léger catamaran d’exploration pour voir apparaître les premiers panaches d’eau projetés par une grande bleue.
L’animal ne laisse jamais apparaître qu’une infime fraction de sa masse à la surface de l’eau, et l’on observera surtout sa très longue épine dorsale et les remous qui accompagnent son évolution. Paradoxalement, il est difficile et rare de photographier un animal d’une taille aussi extraordinaire. Mais on ressent la présence de sa masse si proche comme une perturbation dans la force de gravitation, et on reste fasciné par la puissance de sa respiration et la fluidité de son mouvement.
C’est un spectacle naturel rare et réconfortant, à seulement quelques encablures d’une côte surpeuplée, qui rejette à la mer les eaux usées (*) de ses 18 millions d’habitants à raison de 50 mètres cubes… par seconde !
* Heureusement, l’intégralité des eaux usées est désormais retraitée et le niveau des principaux polluants (cuivre, plomb, DTT…) dans les eaux de Californie du Sud est en constante diminution depuis le début des années 1980.