La femme de l'an 2 000 n'aura plus lieu d'être jalouse de la secrétaire de son mari laquelle aura également l'avantage de ne plus jamais se tromper en prenant sous la dictée. Ce sera probablement une petite boîte grise dotée d'une mémoire magnétique et capable de transformer en phrases écrites les sons qu'elle entendra.
Voilà un des aspects du travail dans le monde de demain, travail conditionné par ce mot magique : automation. C'est-à-dire par des machines qui marcheront toutes seules. L'homme est lent, il se trompe, les machines sont rapides et infaillibles. Pour calculer la densité des électrons et l'énergie contenue dans une molécule d'azote, il faudrait 8 siècles à un homme armé de papier et de crayons, 70 ans s'il dispose d'une machine à calculer ordinaire, une semaine s'il fait faire l'opération par une calculatrice électronique.
Mais ce n'est pas aussi simple car finalement rien n'est plus "bête" qu'une machine. Le tout est de savoir s'en servir. C'est pourquoi si le temps de travail de demain se réduit, la fatigue nerveuse née du travail s'accroîtra encore.
C'est pourquoi aussi on aura besoin de plus en plus de spécialistes. Certains techniciens des choses de l'avenir croient que l'on pourrait être amené à dresser des singes pour qu'ils effectuent les tâches subalternes ; dans un siècle, en effet, on ne trouvera plus de manoeuvres, de même qu'aujourd'hui il devient déjà difficile de se procurer une femme de ménage et à peu près impossible de découvrir un valet de chambre.
Demain, les salaires seront plus élevés et les loisirs plus abondants. La semaine de travail ne descendra peut être pas en dessous de 5 jours mais la durée des journées de travail pourrait être raccourcie ; en 1910, le Français moyen travaillait 190 000 heures dans sa vie, tandis qu'aujourd'hui (en 1965), ce temps a été ramené à 90 000 heures et que dans l'avenir il baissera encore.
L'âge de la retraite sera avancé. Les vacances seront plus longues, la scolarité sera obligatoire jusqu'à 18 ans. Les professeurs devront périodiquement retourner à l'école, comme les ingénieurs, car les connaissances iront de plus en plus vite et, pour rester au courant, ils devront deux ou trois fois dans leur vie recommencer leurs études.
Et comme les équipements collectifs (hôpitaux, autoroutes, téléphones etc ...) auront de plus en plus d'importance, nous ne risquerons pas hélas de devoir céder au fisc une part moins grande des fruits de notre travail.