En chemin

Publié le 25 février 2008 par Elisabeth Leroy

Je vais chez ma grand-mère, je regarde les vitrines des magasins et les différents commerces qui se succèdent dans la rue principale.

Après avoir traversé le pont du canal, le "Bar de la Marine" peint en bleu foncé accueille les jeunes lycéens qui se détendent autour d'un verre ou les ouvriers de la céramique à la sortie de leur travail.

Un magasin de disques et de matériel électroménager, tenu par un ami de mon père, présente ses nouveautés. Des affiches publicitaires variées garnissent les murs à l'intérieur et la vitrine. Derrière son comptoir, le commerçant conseille une cliente. Je me souviens avoir gardé quelques heures le magasin pendant l'absence brève de cet ami de mon père. Je n'avais pas l'habitude et je me demandais comment j'allais faire face à la clientèle. Heureusement pour moi, le seul client qui s'était présenté avait demandé un renseignement sur un disque, un 45 tours, qui n'était pas encore sorti. J'ai pu ce jour là m'en sortir très bien.

L'Hôtel avec sa grande salle au rez de chaussée et son bar où l'on peut entendre les rires des joueurs de cartes, anime ce quartier. La fumée emplit le bar mais ne gêne personne. Quand je passe devant, je regarde à chaque fois à l'intérieur pour essayer d'apercevoir mon grand père tirant les cartes avec ses copains. Il y passe quelquefois l'après-midi, les jours où il ne va pas à la pêche. Il prend alors son solex, met son béret sur la tête, et part se distraire un peu.

A la suite de l'Hôtel, la boucherie où je ne suis jamais entrée me semble bien petite. Quelquefois, le boucher se tient devant sa porte. Il porte un tablier blanc tâché de sang sur son ventre rebondi et regarde les passants en attendant les clients. Je lui dis bonjour timidement. Je sais que ma grand mère se sert chez lui.

Mais ce que j'aime le plus c'est la mercerie. Les deux vitrines qui se trouvent de chaque côté de la porte d'entrée offrent un étalage varié et renouvelé toutes les semaines. Je me rappelle y être entrée avec maman qui cherchait du fil à coudre. On y trouve des canevas, des fils de toutes les couleurs, de toutes les grosseurs, des napperons à faire soi-même, des aiguilles à tricoter, des foulards, des ceintures, des sous-vêtements. Même si la mercerie est étroite, les étagères qui montent jusqu'au plafond contiennent tout ce qui fait le bonheur des dames.

Après la mercerie, il me faut tourner la rue et je retrouve des maisons alignées jusqu'à la rue à angle droit où se tient une épicerie.

Il faut monter quelques marches pour y accéder. Le plancher craque quand on entre. Il fait assez sombre. Mais tout est en ordre sur les étagères et dans les cagettes. Les senteurs des fruits lui donnent tout son charme. L'épicière est assez âgée et ma grand mère aime lui raconter un peu sa vie.

Je poursuis ensuite mon chemin et je m'éloigne de tous les commerces de la ville. La rue n'est plus ouverte que sur des maisons, des jardins ainsi que des hangars d'usine. C'est là qu'habitent mes grand-parents.