Pour se rendre au travail, Isidore utilise les transports en commun.
Il n'a rien contre, il n'a rien pour.
Des avis, Isidore en a rarement.
Ce matin, en grimpant dans le tramway, il a croisé un type.
Isidore l'a salué.
Bonjour qui lui a été retourné.
Isidore se souvient de ce type car il a bien pris son temps pour descendre du wagon.
Isidore a attribué cette lenteur au fait que le type portait deux énormes valises.
Isidore ne l'a pas regardé s'éloigner.
Il avait visé une place assise et il n'est pas curieux.
Isidore fut très content de s'asseoir, il était pris d'un coup de pompe.
La dame à côté de laquelle il s'était installé a passé une main sur ses collants.
Une main inquiète.
Elle s'est adressée à Isidore : "Bravo, ils sont fichus".
Isidore a tourné la tête.
Dans le couloir, une vieille dame a valdingué.
Isidore s'est levé pour l'aider à se relever.
Elle était furieuse : "Non, mais a-t-on idée d'encombrer le passage ?".
Cette réflexion lui était adressée.
Isidore a tourné la tête.
Arrivé à destination, Isidore, dont la lassitude s'était accrue, a voulu descendre du tramway.
Impossible.
Isidore s'est contorsionné.
Ouf, il est parvenu à s'extirper du tramway.
En prenant bien son temps.
Il a salué un type qui, lui, montait dans le wagon.
Le type avait visé une place assise et il n'était pas curieux : il n'a pas regardé Isidore s'éloigner.
Quand le type a voulu prendre place à côté de l'ancienne voisine d'Isidore, celle-ci s'est écriée, à son endroit : "Non, Monsieur, un bagagiste suffira pour ce matin".
La vieille dame qui avait valdingué a renchéri : "Qu'est-ce qu'ils ont tous, ce matin, à déménager ?".