Rien de plus facile que de jouer du dulcimer .... Si le dulcimer est correctement accordé, il est impossible de jouer faux.
Il suffit de poser l'instrument à plat sur ses genoux, les chanterelles vers soi. La main droite, à l'aide d'un plectre et par un ample mouvement de va et vient, gratte toutes les cordes au niveau de l'échancrure de la touche.
La main gauche appuie sur les chanterelles à différentes hauteurs, c'est tout.
LE SON
Le son du dulcimer est très clair et très doux, il n'est pas fait pour être joué fort.
Les harmoniques naturelles sont nombreuses, c'est sûrement pour cela qu'il donne envie de chanter. C'est d'ailleurs l'instrument de prédilection pour accompagner le chant traditionnel, sans amplification. Il s'agit, à l'origine, de chansons traditionnelles américaines. Car, pour être plus précis, le dulcimer porte un nom à rallonge : dulcimer des Appalaches ou dulcimer des montagnes. Les Appalaches sont une chaîne de montagnes qui, du nord au sud, barre tout l'est des Etats Unis.
C'est dans cette région que, il y a 60 ans, on pouvait trouver dans le grenier des fermes le fameux dulcimer.
Depuis, il est redescendu sur le plancher des vaches et ne doit sa survivance qu'à l'impulsion des Folk Singers.
Sous la véranda, le dulcimer accompagnait les vieilles ballades du temps jadis. Celle à qui l'on doit l'initiative du renouveau de cet instrument est la grande Jean Ritchie, joueuse du Kentucky, qui appris de son père l'art de jouer du dulcimer selon la tradition orale.
C'est elle qui rechercha les origines de ce bel instrument. Le dulcimer est ainsi une forme élaborée d'instrument dont les colons emportèrent avec eux le souvenir.
En Europe, les traces d'instruments semblables sont nombreuses mais ils peuplaient plus facilement les greniers que les veillées télévisées.
En Islande, elle trouve le Langspil, en Allemagne le Scheiltholt, en Suède le humle et en Finlande le hommel et, pour finir, en France l'épinette des Vosges, la petite du Val-d'Ajol et la grande de Gérardmer.
Ces instruments sont tous semblables et souvent connus depuis le Moyen Age.
C'est la vague folk qui déferla aux Etats Unis qui réactiva le jeu de ces arrière-petits-cousins de la guitare.
Toutes les ballades, toutes les chansons de travail, d'amour, les airs à danser, les berceuses, les chansons pour rire s'accommodent du dulcimer.
LA PERSONNALITE DU DULCIMER
Le dulcimer n'a pas, à proprement parler, de manche mais une touche qui court sur la caisse de résonance. La caisse de résonance est à fond plat d'une épaisseur de 4 à 10 centimètres. La table est percée en 2 ou 4 endroits d'ouvertures représentant souvent un petit coeur, un pique, deux carreaux ou quatre trèfles. Les cordes en acier sont tendues au-dessus de la touche.
Elles sont attachées à une extrémité à l'aide d'un cordier ou de simples clous. Le dulcimer possède 3 et souvent 4 cordes, la première étant doublée à l'unisson : deux chanterelles, un bourdon aigu et un bourdon grave.
La mélodie se joue sur les chanterelles. La touche est munie de barettes irrégulièrement espacées.
LE JEU
Le joueur de dulcimer traditionnel utilise un noteur pour appuyer sur les chanterelles, un petit morceau de bois dur fait parfaitement l'affaire. A l'aide d'une plume d'oie, la main gauche bat les cordes sur un rythme simple.
Beaucoup de musiciens modernes utilisent également les bourdons comme notes mélodiques. Ils plaquent les accords et jouent séparément sur chaque corde en picking.
Le dulcimer devient alors un instrument à 3 ou 4 cordes séparées. Il devient à nouveau possible de faire des fausses notes.
Quelques variantes de jeu sont possibles: l'Anglais Barry Dransfield tient son dulcimer électrifié comme une guitare, ou d'autres musiciens le joue à l'archet, comme une vielle à archet, le dulcimer debout, posé sur le genou gauche.
Mary Rhoads utilise toutes les techniques entre autre celle qui consiste à frapper les cordes à l'aide d'un baguette. Il faut tenir la baguette entre le pouce et l'index de la main gauche. Que l'on monte ou que l'on descende la main droite, la baguette s'abaisse et frappe les cordes. Elle obtient ainsi un bourdon rythmique très gai.
QUELQUES JOUEURS
Rares étaient les concerts folk des années 70 où l'on ne sortait pas un dulcimer ou une épinette des Vosges de ses valises. Quelques noms sont restés comme celui de MALICORNE avec Gabriel et Marie Yacoub. Les véritables solistes n'ont jamais été nombreux mais citons Marc Robine, Michel Legoubé et Claude Besson en France, John Molineux et Roger Nicholson en Grande Bretagne, Jean Ritchie et Mary Rhoads, Richard Farina aux Etats Unis.
LES COMMENTAIRES (2)
posté le 17 octobre à 23:22
joli article. clair et bien fait. en revanche, éric, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi! le dulcimer est bien un instrument celtique (au même titre que nordique puis plus tard américain). je descend d'une des rares familles bretonne où on en jouait encore et on a maintenant de la documentation sérieuse sur l'existence du dulcimer jadis en bretagne. amicalement cristian huet
posté le 10 avril à 11:02
Bravo pour votre description du dulcimer. Vous avez raison, c'est un instrument américain d'origine européenne. Et bien qu'il puisse se prêter au jeu de la musique celtique, ce n'est pas non plus un instrument celtique. Il y a par ailleurs d'autres façons d'en jouer, j'ai publié quelques vidéos en ligne. Eric