Mon homme et moi avons choisis d’instruire nos enfants en famille.
En gros, ils ne vont pas à l’école, ils n’ont jamais été à la crèche non plus.
Pourquoi ?
Voilà la question qu’on nous pose tout le temps. Si dans ma famille, le sujet a fini par être évité, dans la famille de chéri et chez les gens que nous croisons, on continue de nous la poser.
Pourquoi ne mettons pas nos enfants à l’école ?
La réponse est toujours la même de notre part: « Vu l’école du quartier, il ne vaut mieux pas. »
On a cet argument : école publique surchargée, quartier HLM et véritables cas sociaux (ben oui, il y a encore des courées chez nous, même si le quartier s’embourgeoise, les richards vont à l’école privée…)
Bref, quand on dit qu’on préfère emmener les enfants au terrain de jeux deux pâtés de maisons plus loin qu’à celui juste derrière chez nous, ça suffit pour arrêter les questions (à part « Et l’école privée ? » à laquelle on réplique que ça coûte cher que qu’on a 3 enfants, ce qui coupe la conversation)
Voilà.
Sauf que ce n’est pas du tout ça. Mais alors PAS DU TOUT ! On serait dans un petit village sympa avec des classes à effectif idéal (15 élèves max) et des enfants bien élevés qui ne se tapent pas dessus en s’insultant, on ne les mettrait toujours pas à l’école.
On a envie que nos enfants apprennent à leur rythme, qu’ils ne voient pas l’apprentissage comme une corvée, qu’ils dorment à leur guise, qu’ils soient libres de s’intéresser à ce qu’ils veulent… Bref, c’est un choix réfléchi, volontaire et… incompris.
Dès qu’on explique ça, les arguments pleuvent sur la sociabilité, les chances de l’école publique (ou privée), le danger d’enfermer nos enfants, le temps qu’on n’a plus pour nous, les difficultés de vie qu’on leur prépare… Enfin, on essaye de nous convaincre que nous faisons un très mauvais choix (mais c’est normal, nous sommes de mauvais parents !), et que nos enfants ne se développeront jamais, ne s’épanouiront pas, bref, on leur gâche leur avenir…
C’est notre choix. Nous vivons dans un pays où cette liberté est permise et nous la prenons. Nous assumerons les conséquences. Mais c’est NOTRE choix, il n’est pas plus mauvais qu’un non-choix de mettre son enfant à l’école parce qu’on ignore qu’il est possible de faire autrement ou qu’on ne peut tout simplement PAS faire autrement.
Du coup, on évite d’en parler, prétextant une incompatibilité entre nos valeurs d’éducation non-violente et l’école publique du quartier. Ça évite d’entrer dans des discussions interminables où l’on se fait littéralement traiter de « mauvais parents » alors que nous, on ne cherche pas à imposer nos opinions aux autres. Chacun ses choix.
Photo de Andrea Schwartz (CC-ND-SA)