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La mort de Troy n’aura pas lieu

Publié le 21 septembre 2011 par Vincentmoi54
La mort de Troy n’aura pas lieu
C’est donc pour ce soir. Vingt ans après sa condamnation Troy Davis devrait être exécuté aujourd’hui 21 septembre 2011 à 19h heure locale, 1h du matin en France.
Les Américains ont toujours eu un sens particulier de la Justice : Barack Obama ne déclarait il pas au sujet de la mort de Ben Laden « Justice has been done ? ». L’ancien sénateur de l’Illinois, état ayant aboli la peine de mort au début de cette année, confondait alors majestueusement Vengeance et Justice. Car si l’exécution sommaire d’un suspect, si abject et dangereux soit il, suivit de la disparition de son corps et l’absence de sépulture, si risqué que ce fut de lui en donner une, relève de l’expression la plus pure de la justice Américaine, alors c’est qu’il ne fait pas bon d’être jugé au pays de l’oncle Sam.
Et pourtant, ne vient on pas de relâcher un homme dans une obscure affaire d’agression sexuelle dans un Sofitel parce que les éléments récoltés ne permettaient pas d’établir la culpabilité du prévenu « au delà du doute raisonnable» ? Pourquoi dans l’affaire Troy Davis n’y a-t-il pas de « doute raisonnable » ? Serait ce parce que ni Ben Brafman, qui ne défend que les riches, ni Kenneth Thompson, qui défend les noirs pauvres et défavorisées mais seulement s’ils peuvent gagner quelques millions lors d’un procès civil, n’étaient pas disponibles ? Ce n’est surement pas parce que Troy Davis est noir, non, pas dans cette première grande puissance ayant élu un président noir. Bon, plus précisément un président métisse ayant fait Harvard comme son père mais la performance mérite d’être saluée et de tout manière là bas ils ne font pas la différence.
C’est indéniable les Etats Unis sont en plein changement : pas toujours dans le bon sens - après tout Elvis Presley c’était quand même autre chose que Justin Bieber - mais certains signaux comme la loi de 2010 sur la protection sociale ou bien ce discours savoureux cette semaine sur la taxation des hauts revenus (« La secrétaire de Warren Buffet ne doit pas payer plus d’impôt que Warren Buffet », transmis pour info aux fonctionnaires de Bercy) sont prometteurs. Le communisme guette : même les basketteurs de la NBA - pitié messieurs les journalistes arrêtez de dire Kobe Brillante - encore mieux payés que nos footeux incultes sont en grève.
Pourtant cette nuit la justice américaine prendra une vie pour compenser celle de Mark McPhail, ce policier de 27 ans abattu le 19 août 1989. Sa famille et ses proches seront-ils soulagés ? Chaque pelletée de terre sur le cercueil de Davis sera-t-elle un baume sur leurs blessures ?
Au pied de la statue de la liberté, ces mots sont gravés sur une plaque de bronze :
« Donne-moi tes pauvres, tes exténués
Qui en rangs serrés aspirent à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
De ma lumière, j'éclaire la porte d'or ! »
Cette nuit en Géorgie la porte sera en acier et la lumière filtrera à peine à travers les barreaux
Mo²…

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