L'appartement

Villagers - Cecelia and her Selfhood

C'était le premier appartement qu'on visitait pour installer notre colloc, il y a près de deux ans. Et tout de suite il nous a plu, tout de suite on a imaginé ce qu'on pourrait y faire, comment l'organiser. Il était bien placé, c'est vrai, et puis magnifique pour son prix. Au début on ne savait même pas quoi faire de toute cette place, et puis on a rapidement trouvé. Une chambre d'amis, une salle de jeu, un coin bazar, on arrive toujours à occuper une pièce.
Beaucoup de personnes sont passées dans cet appartement pendant que j'y étais. De trois en temps normal, les soirées se passaient souvent à quatre ou cinq, selon les allers et venues des compagnes(ons) et des amis de chacun. Il arrivait même régulièrement qu'on se retrouve à dix, quinze, à dormir un peu comme on pouvait sur un bout de coussin.
Il y a eu des tas de moments mémorables sur ce parquet. J'adorais les truffades le dimanche midi et les parties de fléchettes qui dégénéraient. Je me rappelle d'une vaisselle à deux qui s'est terminée en bataille culinaire dans tout l'appart. Je me souviens des retours du marché de Chamalière le samedi matin, des après-midi à regarder des séries et des soirées à philosopher autour d'un verre.
Fini les kakis à portée de main
Une bière renversée sur le parquet, des éclairs de La Ruche Trianon, une engueulade des voisins du dessus, des affiches du Festival du Court Métrage aux murs, une soirée d'anniversaire émouvante, des baguettes traditions toutes chaudes, un panneau de signalisation récupéré en bas, un premier week-end avec Elle, des retours de concerts à la Coopé, une dernière pendaison de crémaillère, un lavabo qui fuit, un sapin lancé du balcon, un déménagement beaucoup trop rapide, ... beaucoup de choses vont rester dans ma mémoire sur cet appartement. Beaucoup de choses qui me rappelleront un jour futur de passage en Auvergne que j'ai habité deux ans au 65 de cet rue et que j'y ai été heureux.
Ça me fait bizarre de me dire que quelqu'un a pris ma place maintenant, que c'est lui qui profite du balcon avec vue sur le jardin, que ce sont ses photos accrochées au dessus de la cheminée. C'est peut-être un peu con mais après tous ces moments entre ces murs, ça me fait même un peu mal de voir que j'ai été remplacé si simplement. C'est comme ça. Dans quelques années sans doute, si je blogue toujours, je ferrai une note similaire pour l'appartement dans lequel je vis. J'y raconterai les moments marquants que je m'apprête à y vivre.
De tous les déménagements que j'ai faits, c'est celui-là le plus douloureux, mais c'est aussi celui-là qui me permet enfin de commencer une période de vie un peu stable comme je voulais depuis longtemps. Dans tout ce qu'on fait il y a des côtés positifs et négatifs, et pour avancer il "suffit juste" de se concentrer sur le positif. Après, le reste n'est pas de notre ressort.