Le banjo donne de lui une image gaie et populaire mais il reste néanmoins l'un des parents pauvres de la musique. Il trouve rarement sa place dans les formations musicales et n'est pas toujours reconnu comme ayant acquis ses lettres de noblesse. Pourtant, dans d'autres parties du monde, des instruments, très proches du banjo ont une situation privilégiée au sein de l'orchestre. Au Japon, le SAMISEN, ce qui signifie "trois cordes", est souvent mis en valeur et respecté ; ces instruments aux cordes de soie tressées sont joués à l'aide d'un grand plectre en bois ou en ivoire, tout comme le SAN TYEN, le trois-cordes chinois. Il est construit avec un raffinement extrême même si le principe acoustique en est simple. Les luthiers asiatiques sont si habiles que le manche est démontable en plusieurs parties sans qu'il soit possible de sentir sous les doigts les jointures de chaque pièce.
Le principe acoustique du banjo est simple : la table d'harmonie n'est pas une planche de bois comme pour la guitare mais une membrane souple, tendue. Traditionnellement, la membrane en question est une peau animale, le plus souvent des peaux de chèvre ou d'âne réputées pour leur résistance sur les tambours. Aujourd'hui, les peaux animales sont avantageusement remplacées par les "peaux" synthétiques. Le plastique est insensible à l'humidité qui détend immanquablement les peaux véritables et il est moins contraint par les variations de température. La matière utilisée est extrêmement résistante et la mise ne forme lors de la fabrication facilite le montage de peaux synthétiques sur l'instrument.
Les cordes s'appuient sur un petit chevalet tripode en bois, très léger. C'est par lui qu'elles communiquent leur énergie vibratoire à la membrane. Celle-ci, également très légère, absorbe immédiatement toute cette énergie pour la transformer en ondes sonores. Cela explique pourquoi le son du banjo est puissant mais avec une durée de chaque note relativement courte ; il n'y a pas de son soutenu ni de résonnance profonde.
Les banjos modernes sont munis d'un résonateur, sorte de disque de bois plus large que la peau, fixé au dos de l'instrument et qui réfléchit vers l'avant le son émis par le dessous de la peau.
Origines du banjo
C'est de l'Afrique que nous viennent les banjos occidentaux, mais c'est une histoire tout à fait récente ; sur le continent africain on rencontre une quantité d'instruments à cordes à membrane, les véritables ancêtres du banjo ; en Afrique occidentale ils s'appellent des Banjar.Ce sont des instruments de ce type que les esclaves noirs d'Amérique ont tenté de reproduire.
Le désir d'implanter les traditions et les religions semblent cependant avoir été quelque peu contrarié par le danger que représentait, dès le début, une trop grande individualité de la culture noire soumise alors à une règle terrible : celle de maître à esclave... Malgré cela, les banjos artisanaux faits de bois et munis de cordes en boyaux de chat ont séduit les musiciens blancs et le mélange des cultures et des traditions s'est rapidement opéré.
Vers la fin du XVIII e siècle, le banjar est signalé partout dans les Etats du Sud. Au XIX e siècle, l'évolution des techniques de fabrications industrielles lui profitent immédiatement, le métal entre dans sa fabrication.Les premiers banjos avaient trois ou quatre cordes puis, en 1831, Joel Sweeney prend en compte l'invention de la cinquième corde, plus courte et plus aiguë que les autres, située devant la corde la plus grave. Le fameux "five strings banjo" est né avec son "bourdon" aigu de pouce.
La musique
Le répertoire est celui de la musique rurale connue sous le nom de Old Time mais l'instrument reste toujours solitaire, sauf quelques exceptions. Il accompagne le chant et c'est typiquement le support de la tradition orale, rien n'est écrit, ni sur ni pour le banjo. Les techniques consistent à brosser ou frapper les cordes, du dos des ongles, et portent les noms de knocking, raping, frailing. Le banjo remonte alors vers le nord, il voit son manche s'équiper de barrettes tandis que les doigts du musicien recherchent de nouvelles façons de procéder pour finalement adopter un style de jeu issu de celui de la guitare, le picking.
Le banjo s'intègre aux formations instrumentales d'alors et finit par s'y installer confortablement.
Les joueurs de banjo sont tous des virtuoses par nécessité, les notes étant courtes, il en faut beaucoup.
Les modes
On en fabrique de toutes tailles, du tout petit banjorine, ou banjo-mandoline, ou encore banjo-uke, à l'énorme banjo double-bass ; certaines formations ne sont composées ainsi que de banjos (le joueur et fabricant S.S. Stewart en fut l'un des promoteurs principaux mais ce genre de fantaisie ne passera pas le siècle, car en 1900, au moins dans le nord du pays, le banjo devient un instrument sérieux, mélodique autant que rythmique).
C'est l'époque du ragtime, des fox-trot et de la naissance du jazz. Il reste de cette période quelques enregistrements sur cylindre faits par Fred Van Eps.
C'est alors que le banjo perd sa cinquième corde et redevient rythmique dans les formations de Dixieland à la Nouvelle-Orléans aux Etats Unis mais aussi en Europe. Il conserve cette cinquième corde dans les groupes de Hillbilly qui donneront plus tard, vers 1950, sous l'impulsion de Earl SCRUGGS et du mandoliniste Bill Monroe, le style blue-grass. C'est dans le bluegrass que le banjo est le plus à l'aise. La formation complète possède un banjo, une guitare, une mandoline, un violon, une contrebasse et parfois une guitare à résonnateur.
Le folk
Dans les années 1970. le banjo évolue au sein des formations folk old time. C'est alors qu'il débarque de nouveau en Europe, en Grande-Bretagne pour commencer. Il s'intègre dans des formations nouvelles et remplace le banjo ténor qui persistait dans certaines formations irlandaises traditionnelles. Le banjo 6 cordes trouve à ce moment-là un certain développement avec les guitaristes adeptes du son du banjo mais qui ne veulent cependant pas changer leur technique de jeu.
Aujourd'hui le banjo est parfois électrifié et poursuit une carrière modeste mais toujours présente au sein de formations diverses. Il n'y a que dans les groupes de bluegrass, puis de newgrass et de jazz grass que le banjo ait une véritable place. Mais il est toujours présent dans de nombreux groupes de Country aux Etats Unis.
Musiciens
Pete SEEGER et Steve WARING nous firent connaître le banjo cinq cordes.
LES DILLARDS : un groupe de bluegrass qui fit une remarquable tournée en Europe.
Lonnie DONEGAN : s'essaie volontiers au banjo.
Buck TRENT : il a électrifié le sien.
Earl SCRUGGS : le père de "Bonnie and Clyde".
L'Incredible String Band de Robin Williamson.
The Dubliners : groupe Irlandais légendaire.
Barbara MANDRELL : une reine du Country qui ne délaisse pas le banjo
Jean Marie REDON : l'un des premiers banjos cinq cordes de France.
Marc LAFERIERE et sa formation "New Orléans".
posté le 26 novembre à 12:16
en voila une histoire qu'elle est belle ! Mais l'histoire ne dit pas comment la jeunesse française s'est emparée de cet instrument ... grâce au passage des américains en 1918, qui nous laissèrent le jazz en partage, mais aussi quelques petites affaires tombées de leurs bagages !. ET comment le banjo des garçons et la mandoline des filles venait avec le Roi Harmonica animer les premiers camps de jeunesse au temps du front populaire et des congés payés !