Poeme de victor hugo

Publié le 25 février 2008 par Elisabeth Leroy

LA CARAVANE EN MARCHE

Les quatre enfants joyeux me tirent par la manche,

Dérangent mes papiers, font rage, c'est dimanche ;

Ils s'inquiètent peu si je travaille ou non ;

Ils vont criant, sautant, m'appelant par mon nom ;

Ils m'ont caché ma plume et je ne puis écrire ;

Et bruyamment, avec de grands éclats de rire,

Se dressant par-dessus le dos du canapé,

Chacun vient à son tour m'apparaître, drapé

Dans un burnous arabe à bandes éclatantes ;

Et je songe à l'Afrique, aux hommes sous les tentes,

A la Mecque, au désert formidable et vermeil.

On part avant le jour, de crainte du soleil ;

La file des piétons et des chameaux s'allonge,

Passe confusément, chemine et semble un songe ;

La nuée au vent flotte ainsi qu'une toison ;

El les vagues de sable, emplissant l'horizon,

Les ravins où jadis rêvait le patriarche,

Font dans l'ombre onduler la caravane en marche.