LA CARAVANE EN MARCHE
Les quatre enfants joyeux me tirent par la manche,
Dérangent mes papiers, font rage, c'est dimanche ;
Ils s'inquiètent peu si je travaille ou non ;
Ils vont criant, sautant, m'appelant par mon nom ;
Ils m'ont caché ma plume et je ne puis écrire ;
Et bruyamment, avec de grands éclats de rire,
Se dressant par-dessus le dos du canapé,
Chacun vient à son tour m'apparaître, drapé
Dans un burnous arabe à bandes éclatantes ;
Et je songe à l'Afrique, aux hommes sous les tentes,
A la Mecque, au désert formidable et vermeil.
On part avant le jour, de crainte du soleil ;
La file des piétons et des chameaux s'allonge,
Passe confusément, chemine et semble un songe ;
La nuée au vent flotte ainsi qu'une toison ;
El les vagues de sable, emplissant l'horizon,
Les ravins où jadis rêvait le patriarche,
Font dans l'ombre onduler la caravane en marche.