C’est en déambulant sur les chemins en sable, autour de la fontaine, que j’ai commencé à la percevoir. Une petite mélodie légère, balayée par le vent, et qui m’arrivait par bribes. Une foule difforme maniant le mandarin avec une dextérité extrême m’empêchait maintenant tout à fait d’entendre la mélodie. Affabulation, pensais-je. Un truc qui m’arrive souvent. En repassant dans un lieu, en ouvrant des années après un bouquin, en sentant le fumet d’une soupe carottes – épinards, une mélodie qui me revient en tête. Mélodie qui rappelle tantôt des souvenirs heureux – le tout premier baiser sur R. Kelly -, tantôt malheureux – juste après le tout premier baiser sur R. Kelly. Ce qui explique pourquoi en relisant le premier Harry Potter vous avez des réminiscences de Tatu. Le troupeau bêlant enfin passé, la mélodie revient, portée par un vent d’automne. Je commence à chercher du regard d’où elle peut provenir mais n’aperçoit rien d’autre que des regards hagards cachés derrière de grands verres fumés.
En remontant l’un des escaliers vers la sortie, la mélodie s’est faite plus présente encore. Pourtant, pas l’ombre d’un transistor ni d’un instrument. Seulement des badauds. En avançant encore un peu, j’ai compris que ce bruit n’émanait définitivement pas d’un transistor. En reconnaissant clairement un piano, je restais intrigué. C’était Mehdi, encore en train de branler le mammouth avec son mini piano pour enfant au milieu du parc.