Je t’ai connu enfant
l’accent de ta province,
la mienne,
par moitié,
par les racines,
enjoué
souriant
te moquant de toi-même
« j’suis fou comme un lapin »
je te revois
ta voiture à pédales
lancée comme un bolide
sur les pierres du chemin
tu riais
sous le regard
attendri
de ton père
il y a de cela des années…
depuis
ton père nous a quitté
bien d’autres l’ont suivi
et pourtant
l’image est là
si nette
un parfum de bonheur
nimbe ce souvenir
il y a comme ça des bulles
immortelles
qui conservent
une voix
une phrase
un rayon de soleil
un rien
fugace
devenu éternel
Qu’est-ce qui t’a rappelé
si tôt ?
de l’autre côté
de là d’où l’on ne revient pas ?
cette logique nous échappe
Toi
si attaché
à une petite main
insouciante
à son rire cristallin
qui faisait ta fierté
quel déchirement
aujourd’hui
un fleuve salé t’accompagne
des poitrines étouffent
sous le poids ton absence
que cela est pénible !
Je sais pourtant
que la lumière est vie
par-delà ce que l’on connaît
en m’ouvrant à l’espace
je sais ta présence.
Pardonne-moi
si tard
de te témoigner de mon affection
Christian.
Adamante