Magazine Humeur

Manager sans gaspillage

Publié le 28 septembre 2011 par Voilacestdit


J'ai fait mention récemment, à l'occasion d'un commentaire sur un de mes billets, de la parution du livre de mon ami Cédric Stein  Manager sans gaspillage aux éditions afnor.
Ce petit livre mérite de retenir notre attention ! par son originalité, sa pertinence !
Le propos "manager... etc". a été pas mal rebattu - rien de nouveau sous le soleil dira-t-on. Eh bien, si ! Parce que, même si les principes ici rappelés sont plutôt connus, l'originalité réside dans la manière de les relier, ce qui leur donne une force neuve, comme si on les redécouvrait, enrichis qu'ils sont par une dynamique nouvelle.
Quelle dynamique ? Une dynamique 1) personnelle 2) orientée vers la logique du vivant 3) qui développe la coopération.
1) Une dynamique de la personne. Le management commence par le management de soi : beau rappel d'une vérité vieille comme le monde mais quelque peu occultée dans notre monde occidental voué à la logique du faire. C'est en réalité une maxime de sagesse, que pratiquaient les Anciens : Socrate et son "Connais-toi toi-même", l'empereur-philosophe Marc-Aurèle : "Qu'est-ce donc qui peut nous guider ? Une seule et unique chose : la philosophie. Elle consiste à garder le dieu intérieur exempt de souillure et de dommage" etc. Certes Cédric n'entend pas faire oeuvre de philosophe ni nous instruire sur le "dieu intérieur"... mais, à son insu, c'est de cela qu'il s'agit. Le dieu intérieur c'est encore le "génie" (autre traduction) qui nous habite, notre soi. L'enjeu premier quand on veut faire "oeuvre d'homme" c'est un travail sur soi. Ce que rappelle Cédric dans son premier chapitre qui l'explicite : "La maîtrise ne dépend pas des autres ou des outils, elle nécessite en premier lieu un travail sur soi-même. Les autres, ainsi que les outils, seront trouvés si on se met dans les dispositions adéquates qui permettent de travailler sur soi-même".
2) Une dynamique orientée vers la logique du vivant. Le fait est que dans notre culture cartésienne, on nous apprend plus à savoir qu'à faire. D'où la survalorisation du diplôme. Coluche, avec son humour imparable, savait s'en moquer (je cite de mémoire) : "C'est pas tout d'avoir des bagages, disait-il, il faut savoir où les poser". Plus sérieusement, Cédric pointe très bien qu'un savoir, un savoir-faire, un savoir-être etc. n'est pas suffisant pour être compétent. La compétence se démontre dans l'action. C'est dans l'action que l'on se connecte au réel. Bien. Mais attention à ne pas prendre pour le réel le monde figé que par commodité, confort, ou crainte de ce qui bouge l'on se représente. Le monde réel est complexe, c'est le monde du vivant. Ce monde du vivant bouge, et il admet la coexistence des opposés [la conjonction des contraires, aurait dit Spinoza] : agir avec efficience sur le monde réel suppose que l'on mette en oeuvre une toute autre logique que celle de Descartes, que l'on se calque sur la logique du vivant : fabriquer le chemin, faire des petits pas, faire vivre en parallèle, s'appuyer sur les défauts, développer l'intuition etc. - tout cela est très bien exposé, avec de nombreux exemples, dans le livre.
3) Une dynamique qui développe la coopération, ce que Cédric appelle des démarches collaboratives. Une idée force originale : au départ, pour sortir de sa zone de confort, il faut "se connecter". L'image qui est derrière est celle qui est omniprésente dans le film Avatar : "Cette greffe [la connexion] se fait physiquement par l'entrelacement de fibres entre deux êtres. Lors de la scène où le héros, Jake, doit trouver son "oiseau" pour voler, on lui dit de créer la connexion. Certes, il n'est pas rassuré, mais une fois connecté correctement, en ayant trouvé la compatibilité, c'est-à-dire le bon oiseau, la relation se met immédiatement en place". Cette greffe se fera sur l'idée de l'intérêt que chaque individu se fait des avantages qu'il pourra tirer dans la relation. Ainsi peut se mettre en place une dynamique de la coopération qui, d'ailleurs, peut également s'appliquer à soi-même : coopérer avec soi-même. Comment ? En apprenant à "distinguer et relier les différentes parties de l'être que l'on est". Illustration : "On pourrait se représenter comme un système qui met en relation un réseau pour "faire" (un réseau qui permet d'être dans l'action) avec un autre pour "nous développer" (un réseau qui permet d'apprendre)".
Je n'entends pas par ces quelques lignes faire un compte-rendu de lecture exhaustif, c'est plutôt un coup de coeur. Le livre fourmille de bonnes idées. Et last but not least l'auteur montre en plusieurs passages comment il a mis en pratique un certain nombre des principes qu'il expose, concrètement ... dans le travail d'écriture de son livre. Réponse à la question : "Est-ce que tu appliques tout ce qui est écrit dans ton livre ?" - "J'écris avec l'objectif premier de m'obliger à formaliser ce que je découvre dans un premier temps, pour ensuite essayer de le faire, et donc apprendre de mes réalisations, et enfin pour partager mes expériences. Cela m'aide à devenir tous les jours un peu plus fort et heureux".

 Merci Cédric pour ce beau partage.


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine