In: Le Flâneur de l'autre rive, Gilles Lapouge, collection Chemin faisant, André Versaille éditeur
Elle arrive après la narration du mode d'apprentissage catastrophique que sa mère (aimante, pourtant) imposa à Gilles Lapouge, l'enfant qui n'aimait pas lire : chaque jour, une demi heure de lecture classique obligatoire (Dumas, Verne, et al.) sous la bonne garde d'un gros réveille-matin Jaz dûment remonté. Le plus étonnant est que l'aberrant système d'éducation maternel finit par fonctionner, à la longue et contre toute attente !
“ Dès ce moment, je lisais tout, les notices des remèdes, les papiers déchirés que le vent chasse dans les rues, les affiches, les romans. Don Quichotte était comme moi. Il savait aussi que chaque bribe de feuille imprimée ou crayonnée est une magie. Au début, j’essayais d’en démonter les ressorts, mais les mécanismes d’une magie sont si nombreux et ses rouages si frêles que je ne suis jamais arrivé à dévisser tout ça. Je me réduis à en éprouver les effets. Je me dis seulement que j’ai de la chance. Nous avons fait bonne pioche. Nous sommes comme ces mineurs de la Californie ou du Yukon qui envoient un coup de pelle dans la montagne et qui deviennent riches à perpétuité.