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La politique, c’était mieux avant ? André Lajoinie et Laurent Wauquiez répondent

Publié le 13 septembre 2011 par Pourquoivoter.org @pourquoivoter
La politique, c’était mieux avant ? André Lajoinie et Laurent Wauquiez répondentComment décrire le nouveau visage de la démocratie française ? Un jeune ministre, Laurent Wauquiez, et un ancien candidat à la présidentielle, André Lajoinie (en 1988, sous l’étiquette PCF) répondent.

Quel est le changement majeur de la vie politique, ces dernières années ?

Laurent Wauquiez : C’est l’accélération du temps lié à l’irruption de nouvelles technologies comme Internet, la téléphonie mobile. Cela oblige à être très réactif par rapport à une actualité qui peut rapidement vous submerger. Mais cela ne doit pas nous faire oublier les perspectives de long terme. Car la noblesse de la politique consiste à préparer l’avenir et donc agir pour le temps long.

André Lajoinie : Pour moi, c’est l’Europe. Aujourd’hui, l’autorité du président de la République est contrecarrée par les institutions européennes. Beaucoup de lois en découlent. Notre souverain doit donc trouver des alliances bizarres, d’où le recours à un axe franco-allemand, qui décide de beaucoup de choses. Il y a une sorte d’instabilité des institutions.

Vu les chiffres de l’abstention, la défiance vis-à-vis des politiques semble croître…

L. W. : Je serai plus nuancé. La participation à la présidentielle a battu des records. Elle est aussi souvent forte aux municipales car le maire est un élu très identifié. Au Conseil régional ou général, les compétences sont en revanche moins visibles et la participation aux élections moindre. La mondialisation et les crises que l’on a connues ont aussi pu nourrir un sentiment d’insécurité, concernant notre identité. D’où une réaction de repli sur soi qui a pu encourager le vote FN ou l’abstention.

A. L. : Selon moi, la défiance a augmenté à cause de l’instabilité des institutions européennes. Mais il y a aussi la conséquence des crises économiques. On ne sait pas bien comment on va en sortir. Avec l’Europe, on disait qu’on aurait la clé des problèmes. On s’aperçoit que c’est faux. Même si des coopérations entre pays sont nécessaires.

Comment jugez-vous l’impact d’Internet sur la vie politique ?

L. W. : Internet fait partie de mon quotidien. Pour moi, c’est un vrai plus. L’information est plus accessible et cette enceinte permet plus facilement le débat. Mais il ne faut pas idéaliser cet outil. Il peut aussi être le vecteur du pire dans la politique : rumeurs, accusations anonymes… À l’heure où chaque fait et geste peut se retrouver en quelques secondes diffusé à des millions de personnes, on peut se demander si François Mitterrand jouirait toujours de l’aura qu’il semble avoir aujourd’hui s’il avait connu Internet.

A. L. : Je ne vais pas beaucoup sur Internet mais je vois bien l’importance que cela prend. Il faut se garder des excès car tout peut être possible, il faut des garde-fous, des conventions internationales. Cependant, j’ai tendance à parier sur la raison des gens et je considère que c’est le meilleur système de communication jamais produit.


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