La Dame Blanche de Puilaurens, comme tout écrit, a son historique. Ce dernier procède de deux sources principales: l'expérience directe et la documentation par le livre et par l'image. La première fois que j'ai vu le château éponyme, j'ai été frappé par la puissance de ses vestiges encore fort imposants et par ses alentours forestiers, qui l'isolent presque complètement du monde. Bien des années plus tard, je suis revenu dans ces parages pour un bref séjour à Aigues-Bonnes. Ce hameau est relié au village de Puilaurens-Lapradelle par une petite route qui offre des vues merveilleuses sur la forteresse. Enfin, récemment, j'ai gravi le sentier et me suis attardé dans la visite scrupuleuse de ce haut lieu. Bien entendu, c'est la tour Ouest, dite de la Dame Blanche, qui m'a le plus fasciné. Mon goût du romantisme et du mystère a été d'autant plus flatté que les informations historiques que l'on peut avoir sur le séjour de Blanche de Bourbon à Puilaurens sont des plus succintes. Combien de temps y resta-t-elle? Qui était, à cette époque (1352-53), le châtelain, son hôte? Qui y rencontra-t-elle? Mes recherches pour trouver réponse à ces questions sont restées sans résultat... Naturellement, je serais reconnaissant à qui pourrait m'apporter des informations.
Il était tentant, s'agissant d'un château cathare, de rouvrir, après tant d'autres, le livre de la Croisade des Albigeois et d'imaginer un rapport quelconque entre cette histoire tragique et la venue d'une princesse de France dans ce château-fort. Mais Puilaurens fut épargné par les croisés de Simon de Monfort et, si des cathares y trouvèrent refuge alors même que Montségur était tombé, le dernier "parfait", Bélibaste, était mort depuis plus de trente ans, quand Blanche de Bourbon y séjourna. Il s'agissait donc d'envisager une page nouvelle de l'histoire du château, devenu depuis Louis IX et le Traité de Corbeil (1258) l'un des "cinq fils de Carcassonne". Or cette page nouvelle est restée blanche -c'est le cas de le dire- et mon imagination y a tracé quelques lignes qui n'ont, évidemment, aucune prétention à la vérité historique.
Cependant, il était une autre vérité, d'ordre mystique, celle-là, qui m'interpellait du haut des remparts de Puilaurens. Ce magnifique château, ce "sarcophage du souvenir", comme dirait Michel Roquebert, criait du fond des siècles passés sa vocation de refuge et son hôte illustre, Blanche de Bourbon, ne voulait pas que sa tragique destinée tombât dans les oubliettes de l'Histoire. C'est pourquoi un modeste conteur du XXIème siècle devait faire entendre sa voix...
Sous son aspect ésotérique, Puilaurens, situé sur le Méridien de Paris, tout comme Bugarach et Rennes-les-Bains, me semble participer du mystère du Razès. En ce sens que le célèbre tableau de Poussin Les Bergers d'Arcadie, qui a fait couler l'encre des stylos de tant de chasseurs de secrets et de trésors, met en scène une jeune femme ressemblant de manière frappante au portrait de Blanche de Bourbon, tel qu'on peut le voir dans:
Biographie des Jeunes Demoiselles * de Madame Dufrénoy, page 172.
Là encore, je n'ai pas la prétention, après tant d'autorités et de spécialistes, d'apporter (j'aimerais bien...) une interprétation décisive ni même plausible des Bergers d'Arcadie, mais, après tout, mon hypothèse n'a-t-elle pas droit de cité au pays de la Licorne?
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