Pour le premier jour du lien, idée de Peneloop,
le 1er octobre fut jour peu ordinaire,
voici, ce dimanche, un texte,
écrit pour Elle
et vous.
Partage de soleil
en mots
en découverte
en sourires
en plaisir
« je te retrouve »
« je te découvre »
« je passe un si bon moment »
Longue marche
pas offerts
à la Terre
à la Vie
qui nous mène
encore
sur notre petit chemin.
La rencontre
de la misère
squats
tout le long du canal
dans de vieux bâtiments
sous des toiles
protégées par une forêt
d’arbres à papillons
un enclos
pour se retrouver ?
pour s’isoler
de la société inhumaine?
« Le parfum de la rose
et le parfum de la merde
sont une émanation du Tao »
dit le proverbe
sous l’arche d’un pont,
ce n’était pas le parfum de la rose
un wc improvisé
la chaleur…
l’homme abandonné
cherche encore
un lieu où s’isoler
dans l’intimité
pour assouvir ses besoins vitaux
un reste de respect de soi.
L’homme est sang
il est odeur
quand tout vient à manquer
l’eau
malgré le canal
poubelle à ciel ouvert
il devient hirsute
la barrière est dressée
ne reste que le chien
fidèle
parfois le chat
dévoué
mais
aux prémisses de la nuit
plus tard
au retour
la rencontre
avec les rats
ils grouillent
ils crient
où est le rêve ?
comment dormir
pour s’y couler
sans risque
avec de tels compagnons ?
Mais pour l’instant
Le soleil illumine
Les peupliers
en sont-ils vraiment ?
qu’importe !
il ne s’agit pas d’une promenade botanique
Ces arbres
avec leurs énormes troncs
sont de vieux sages
ils dessinent
une perspective d’envol
vers un horizon
prometteur
chimère ?
besoin de se rassurer ?
l’infini existe
avec ses inconnues
pour nous extraire
des cloaques.
Sur l’autre quai
un parc
tout en douceur
nous invite à le rejoindre
tout y semble si doux
si équilibré
si reposant
c’est l’autre face du miroir
nous avons besoin
de laver notre regard
d’oublier ces enfants sales
et pourtant souriants
que nous venons de croiser
devant leur bidonville.
Un peu plus loin
un pont
nous changeons de rive
nous pénétrons
au pays des merveilles
Un tumulus
interdit aux enfants
par le gardien
qui vient de faire
une arrivée fracassante
sur son scooter
suite à un dérapage incontrôlé
m’avait fait penser : escalade
et les gosses
naturellement
escaladaient
le bonheur tient en peu de choses
bientôt
le gardien tournera le dos
il partira risquer sa vie
sur son deux roues
un peu plus loin
le parc est grand
alors la vie reprendra son cours
libérée de ces contraintes
stupides
nées de ces excès de lois
qui nous pourrissent la vie.
La jeunesse aime se hisser
qu’elle se hisse
là est notre sauvegarde
les poumons
ont besoin d’espace
pour s’emplir ou crier
comme ces taggeurs
croisés peu avant
qui enchantaient
les murs prison de la misère
avec leurs pinceaux
support gratuit
talent certain
j’en serai peut-être
si j’avais leur âge…
Sous un pin
nous posons nos sacs
deux corneilles nous invectivent
c’est leur arbre
qu’importe
il fait trop chaud
nous avons beaucoup marché
elles reviendront plus tard
un léger souffle de vent
la terre sereine
tout est douceur de vivre
nous oublions
la misère
les odeurs
le poids
puis nous dansons
la danse des arbres
entre racine et envol
la fatigue s’efface
le mouvement répare
le mouvement.
Nous repartons
à l’ouest
le soleil
nous mitraille
notre regard se plisse
la beauté éclatante
ne se regarde jamais
dans les yeux
elle nous enseigne l’humilité
qualité si vite oubliée du monde
l’astre rapidement se retire
en de rougeoyants clins d’œil
le canal si sali pourtant
les reflète
nous fascine
et cette beauté-là
nous enseigne
l’espoir.
©textes et photos Adamante