Un jour au fil de l'eau

Publié le 02 octobre 2011 par Adamante

Pour le premier  jour du lien, idée de Peneloop,

le 1er octobre fut  jour peu ordinaire,

voici, ce dimanche, un texte,

écrit pour Elle

et vous.

 

Partage de soleil

en mots

en découverte

en sourires

en plaisir

« je te retrouve »

« je te découvre »

« je passe un si bon moment »

Longue marche

pas offerts

à la Terre

à la Vie

qui nous mène

encore

sur notre petit chemin.

La rencontre

de la misère

squats

tout le long du canal

dans de vieux bâtiments

sous des toiles

protégées par une forêt

d’arbres à papillons

un enclos

pour se retrouver ?

pour s’isoler

de la société inhumaine?

« Le parfum de la rose

et le parfum de la merde

sont une émanation du Tao »

dit le proverbe

sous l’arche d’un pont,

ce n’était pas le parfum de la rose

un wc improvisé

la chaleur…

l’homme abandonné

cherche encore

un lieu où s’isoler

dans l’intimité

pour assouvir ses besoins vitaux

un reste de respect de soi.

L’homme est sang

il est odeur

quand tout vient à manquer

l’eau

malgré le canal

poubelle à ciel ouvert

il devient hirsute

la barrière est dressée

ne reste que le chien

fidèle

parfois le chat

dévoué

mais

aux prémisses de la nuit

plus tard

au retour

la rencontre

avec les rats

ils grouillent

ils crient

où est le rêve ?

comment dormir

pour s’y couler

sans risque

avec de tels compagnons ?

Mais pour l’instant

Le soleil illumine

Les peupliers

en sont-ils vraiment ?

qu’importe !

il ne s’agit pas d’une promenade botanique

Ces arbres

avec leurs énormes troncs

sont de vieux sages

ils dessinent

une perspective d’envol

vers un horizon

prometteur

chimère ?

besoin de se rassurer ?

l’infini existe

avec ses inconnues

pour nous extraire

des cloaques.

Sur l’autre quai

un parc

tout en douceur

nous invite à le rejoindre

tout y semble si doux

si équilibré

si reposant

c’est l’autre face du miroir

nous avons besoin

de laver notre regard

d’oublier ces enfants sales

et pourtant souriants

que nous venons de croiser

devant leur bidonville.

Un peu plus loin

un pont

nous changeons de rive

nous pénétrons

au pays des merveilles

Un tumulus

interdit aux enfants

par le gardien

qui vient de faire

une arrivée fracassante

sur son scooter

suite à un dérapage incontrôlé

m’avait fait penser : escalade

et les gosses

naturellement

escaladaient

le bonheur tient en peu de choses

bientôt

le gardien tournera le dos

il partira risquer sa vie

sur son deux roues

un peu plus loin

le parc est grand

alors la vie reprendra son cours

libérée de ces contraintes

stupides

nées de ces excès de lois

qui nous pourrissent la vie.

La jeunesse aime se hisser

qu’elle se hisse

là est notre sauvegarde

les poumons

ont besoin d’espace

pour s’emplir ou crier

comme ces taggeurs

croisés peu avant

qui enchantaient

les murs prison de la misère

avec leurs pinceaux

support gratuit

talent certain

j’en serai peut-être

si j’avais leur âge…


Sous un pin

nous posons nos sacs

deux corneilles nous invectivent

c’est leur arbre

qu’importe

il fait trop chaud

nous avons beaucoup marché

elles reviendront plus tard

un léger souffle de vent

la terre sereine

tout est douceur de vivre

nous oublions

la misère

les odeurs

le poids

puis nous dansons

la danse des arbres

entre racine et envol

la fatigue s’efface

le mouvement répare

le mouvement.

Nous repartons

à l’ouest

le soleil

nous mitraille

notre regard se plisse

la beauté éclatante

ne se regarde jamais

dans les yeux

elle nous enseigne l’humilité

qualité si vite oubliée du monde

l’astre rapidement se retire

en de rougeoyants clins d’œil

le canal si sali pourtant

les reflète

nous fascine

et cette beauté-là

nous enseigne

l’espoir.

©textes et photos Adamante