Charles (post-Atarɐxe)

Son aux oreilles

Oui  oh et bien c’est bien, je suis ce soir plus qu’un autre, l’amant de mon ex.

Et nous avons nos vieilles habitudes qui ne sont qu’à nous

(Nous ? il n’y pas de nous… il n’y a que des souvenirs)

La raison parle, la raison crie,

La raison bâtit

Quand j’étais enfant,

Je n’écoutais rien

De cette voix de la raison

Quand bientôt l’écho

Non, rien.

qui font que nos retrouvailles sont immédiates et construites.

(Se retrouver ?

Se retourner ?

 il n’y pas de retrouvailles… tout cela n’a aucun de sens… qu’est-ce que je fais là ? Il n’y a rien, aaaaahhhhh).

Mon ex s’habille désormais pour moi, chose qu’avant… le simple T-shirt suffisait en lieu et place de la chemise là non ?  Alors quand mon ex prépare à manger : ça en fait des caisses dans l’huile des fritures.

Immondes ignames monde ignoble mondaine ignominie.

(Ellipse)

Nous dinons. Nous dinons et nous dissertons sur la culpabilité que nous n’avons pas

(Je plaide coupable… je prétends le contraire mais bien sûr que je le suis).

Avons-nous  avons-nous des regards qui fuient comme de vieilles tuyauteries entre deux plus soutenus ?

(Les regards, pas les tuyauteries)

Je n’ai aucun projet.

La voix de la raison est à l’âme

Ce que les acouphènes

Sont aux oreilles

Puis…

Je suis inculpé pour tragédie non-assumée.

Finalement…

Seuls.

(Ellipse)

Nous profitons du goût sucré de l’interdit entre l’oreiller que nous mordons à tour de rôle, le moelleux des draps propres,

(La lessive a changé)

   le parfum que dégage sa peau

(Son parfum a changé… ce parfum a changé ? il est plus chargé. Est-ce l’autre qui a choisi ce parfum ? C’est à l’autre heure, une étagère. Comment cela s’est-il établi ? En combien d’étapes ? Comment ont-ils fonctionnés ? « Il faut que tu changes de parfum » (voix mièvre, surnom mièvre, rire mièvre, peau mièvre, visage mièvre, vie mièvre, gestes mièvres, pensées mièvres, autonomie mièvre, muscles mièvres, visage mièvre, cheveux mièvres…  à propos de l’ancien parfum que je connaissais si bien…)).

   et de manière plus générale, tout ce qui s’échappe de sa peau.

Suis-je impartial ?

Déjà vie maritale ? Aaaaaahhhhhhh !

Je suis inculpé pour mauvaise foi.

Je suis inculpé pour méchanceté.

Puis, par extrapolation : tout a changé : son intérieur n’est plus le sien, pourtant, il n’y a pas traces véritables de l’autre.

(L’autre ? il y a l’autre que l’on noierait bien dans un coin, très proprement dans le douillet de la nouvelle salle de bain...).

Je suis inculpé pour jalousie.

(La trace de l’autre : un nouveau rideau de douche)

(La trace de l’autre : quelques objets déplacés)

N’avez-vous donc aucunes photos communes ?

Les traces de l’autre

Sont les empreintes

Du pas moi.

En même temps suis-je si attaché ? Est-ce par fierté ?

(Par Amour ?)

(Ellipse)

Oui  oh et bien c’est bien, je suis plus que tout en train de faire semblant d’assumer d’être l’amant de mon ex.

Nous endormirons-nous comme avant ?

Seuls.

(Avant ? il n’y a pas d’avant car il n’y aura pas d’après voyons !)

Hein ? Pourquoi ne puis-je pas prendre dans les bras ? Pourquoi ne suis-je pas pris dans les bras ? Avant nous faisions ça…. Peut-être que ces gestes sont désormais réservés, je n’y ai pas droit…  Nous ne feignions même pas ça. Oh et bien, ce n’est pas si grave.

(Tu parles….)

Quand nous nous étreignions

Nous nous étranglions

et

La voix de la raison

Vantait l’oraison.

Je mets ma tête dans un sac poubelle et je hurle. Je mets ma tête dans un sac poubelle et je hurle : mon cri reste coincé dans le polypropylène, je mets ma tête dans un sac poubelle et je hurle. Le sac gonfle puis explose mais le cri qui y était contenu n’émet aucun son. Est-ce si simple ou bien ?

(La voix de la raison répond)

Ça se répand et se répare : ça s’épand, se tasse puis s’efface.

Dans la nuit, les voitures qui passent dans la rue dessinent bien sûr oh et oui, des rayons de lumières avec leurs phares sur les murs, sur la bibliothèque des sphères,

(Tiens ? Le livre que j’avais offert a disparu… a-t-il été jeté (jeté ? débarrassé ? éliminé ? abandonné ?  évacué ? Est-ce l’autre : « oh et bien, ce vieux livre horrible,  je te conseille de le jeter »… (Intonation mièvre, complicité mièvre, rire mièvre, existence mièvre, présence mièvre, prestance mièvre à propos de l’ancien livre que je connaissais si bien…))).

sur le couvre-lit, sur le meuble-bout-de-lit.

(Je suis entravé, je suis prisonnier : je ne peux plus bouger, aaaaaaaaaahhhhhh).

Les meubles ne gardent

Pas traces de notre passage.

Je ne dors pas. Je ne compte rien qui ressemble de près ou de loin à un mouton dans un pré. Mais je m’efface. Je dormirais bien ailleurs, avec mon sac en polypropylène.

Au réveil je m’esquiverai et je penserai : « j’ai de vieilles habitudes coupables » et je ne prendrai pas de café, je serai mal à l’aise, je ne serai pas le seul.

Seuls.

Et je m’enfuirai.

Je suis coupable d’un début de soirée magique et d’un début de journée tragique.

(Possède-t-on un quelconque pouvoir sur le temps ?)

Quand l’espace s’échappe

Qui écope l’écoulement du temps 

Voire sa fuite en avant ?

Puis un autre jour, lorsque la culpabilité s’affadira à la façon d’une coloration pour cheveux bas de gamme, je recevrai un « tu passes ? » et j’irai. Bien sûr que j’irai. Je répondrai : « je viens » et j’irai.

Parce que c’est si simple et j’aime ça.

Magiques moments.

Oui  oh et bien c’est bien, car je suis pour un temps plus qu’un autre parfois, l’amant de mon ex.

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