Chère et tendre cousine, je sais que je vais t'ennuyer avec mes présents propos. Dans tes heures insouciantes, où la beauté l'emporte sur toute autre considération, où la légèreté de la la jeunesse fait s'envoler aux vents des alizés les lourdes pensées, que peut importer à ta presque adolescence fébrile et insouciante les élections de très vieux messieurs (ou plus rarement, dames) dans un cénacle inutile, à savoir le Sénat ?
Que t'importent la retraite forcée de Jean-Paul Virapoullé ou l'heure de gloire de Paul Vergès, qui a présidé de façon éphémère l'assemblée au bénéfice de l'âge (86 ans) ? Que t'importe, au fond, que pour la première fois depuis sa création le Sénat ait basculé à gauche, toi qui hait le cynisme de la droite, sa vulgarité et son désintérêt de l'être humain ?
Et qui pourra te reprocher ton désintérêt pour une élection à laquelle, en tant que citoyenne, tu ne peux pas participer ? Belle et sensible cousine, je vais te rassurer, mon propos n'est pas d'obscurcir ton visage marmoréen en t'assommant de prospective sur l'avenir de la France, les tourments de Sarkozy, ou encore l'avenir de Cilaos, privée de sa sénatrice, Anne-Marie.
En attendant la suppression du Sénat, de son mode d'élection inique, du tram-train des sénateurs à coups de milliards d'euros, de retraites garanties à vie, de côteries, de récompenses hâtives à des "amis", je ne peux qu'espérer que tu profites des derniers rayons de soleil de ce début d'automne en France.
Ici, à Saint-Pierre de la Réunion, l'été arrive. Tu me manques. Tu manques aux Alizés qui ont perdu l'habitude de faire voler tes cheveux.
François GILLET