Impression à la demande et dépôt légal

Il y a, en France, un flou juridique concernant l’impression à la demande (POD ou Print On Demand).

Ces services proposés par Lulu, TheBookEdition ou d’autres sont de plus en plus plébiscité par les auteurs auto-édités : parce que ça ne demande pas d’investissement de base. On ne paye rien tant qu’on ne vend rien, puisque le livre n’existe pas physiquement tant qu’il n’est pas vendu. Pas de gaspillage.

Or, tout livre imprimé à destination d’un public élargi (pas sa famille et ses amis, quoi) doit faire l’objet d’un dépôt légal avant la mise en vente.

Donc, théoriquement, il faut envoyer à la BNF un exemplaire du livre que vous proposez en POD avant de le vendre en ligne. Théoriquement.

Dans le formulaire BNF pour le dépôt légal, vous devez indiquer un ISBN (c’est pas dur à obtenir ça) et surtout un tirage… Dans le POD, le premier tirage est de… 1 ? Bon allez, 2 exemplaires, parce que j’en ai pris un pour moi et un pour la BNF.

Or, deux exemplaires, ce n’est pas pour un public élargi ! Du coup, j’ai personnellement magouillé en inscrivant 100 sur le formulaire, selon les conseils trouvés ici ou là, indiquant qu’il s’agissait visiblement d’une limite basse indiscutable : le dépôt légal étant la seule obligation et surtout la seule preuve valide et gratuite de la paternité d’une oeuvre.

Certains auteurs en POD attendent d’avoir vendu une centaine d’exemplaires avant de faire le dépôt légal, ce qui est illégal, puisque le dépôt doit être fait avant la mise à disposition du public…

Autre problème, j’ai donc ces deux premiers livres issus du premier « tirage », j’ai envoyé l’exemplaire pour la BNF, et j’ai trouvé (horreur !) un problème de formatage au dernier paragraphe. J’ai donc modifié le fichier POD pour éviter que les acheteurs tombent sur cette horrible faute de goût (du times new roman dans un livre papier, ça fait cheap quand même)

Donc, à partir du retirage (donc exemplaire n°3 et suivant), le livre ne correspondait déjà plus à celui de la BNF (qui est collector du coup

). Puis après environ 31 tirages, j’ai trouvé une coquille par le plus grand des hasards, et non, je ne peux pas accepter qu’une faute pareille se balade dans mon bouquin. J’ai corrigé l’erreur.

Du coup, c’est une nouvelle version qui est en vente… Et voilà le problème : normalement, je devrais mettre un nouvel ISBN à chaque version puisque ça touche le contenu et la mise en forme (même si c’est minime) et que le livre imprimé en n°31 n’est pas le même que celui en n°4, 5 ou 17… (quoi que si, ce sont les mêmes pour mon exemple… mais le 32, lui ne sera pas le même, le 456 sera peut-être encore bien différent parce qu’il est possible qu’on trouve encore des coquilles et des erreurs et que je les corrigerai !) et donc refaire un dépôt légal à chaque fois ? Faut pas rêver, ça finirait par me coûter cher !

Donc, je bidouille avec la loi : j’ai fait le nécessaire pour être dans la légalité avec ce que le système autorise. Après avoir questionné la BNF sur le dépôt légal des ebooks (notamment les mentions obligatoires qui n’existent pas pour les ebooks, si vous l’ignoriez, vous êtes au courant maintenant) je me suis rendue compte que pour eux aussi, c’est flou. Le POD, ce n’est pas de l’édition pour un public élargi. La plupart du temps, ça concerne en général moins de cent exemplaires (quand ce n’est pas moins d’une dizaine…), la BNF trouve stupide d’accepter les dépôt légaux avec des tirages ridicules (20-30 ex ? pfff… c’est de la paperasse pour rien)

Espérons que ça se développera suffisamment pour légiférer là dessus, parce qu’en attendant, c’est le flou le plus total… Et oui, on n’a jamais pensé qu’il pourrait y avoir des livres papiers en version 1.1 ou 1.5 !

D’un autre côté, ça peut devenir collector un peu comme les timbres : Tiens, regarde, j’ai un des premiers tirages, y’a au moins 25 (aaaargh!!!!) coquilles de plus que dans ta version à toi !

Et pis avec une dédicace de l’auteur, ça vaudra encore plus cher !!!!

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