…le sable rouge est comme une mer sans limite, c’est incroyable et magnifique. Il aura fallu ces évènements pour que mon regard puisse se régaler d’aussi belles choses. Non seulement le sable est rouge, mais à l’instar d’une mer déchaînée il nous offre des valons, des collines, vierges de toute présence. Aucune empreinte ne vient altérer cette beauté si ce ne sont les légères rides qu’une brise chaude laisse sur son passage. Ces courbes sensuelles me font rêver, petite femme et me rapprochent de toi, de ta beauté, de ta chaleur. Nous sommes éloignés, hélas, mais tu es si présente que j’ai envie de te serrer très fort, doucement. Ce souffle qui m’enveloppe est comme le tien sur mon visage, ma peau, mon corps. Tu me manques et cependant tu es près de moi toujours sur mon cœur et dans mon cœur. Nous sommes arrivés hier pour un court bivouac et repartons avec notre intendance pour essayer d’aider ces peuples brisés par tant d’années de dictature. Tu sais petite femme, cette escale fugitive me fait un bien fou. Tout à l’heure, demain, je serais sur une autre scène. Celle où l’on se bat, celle où l’on risque sa peau. Pour les autres. Pourquoi faut-il en arriver à ces extrémités, petite femme. Tout est si beau ici, mais tant est si « mauvais ». Tout à l’heure, demain, peut être que le sable sera rouge du sang de mes camarades, du sang de ceux d’en face, du mien ? J’espère petite femme rentrer bientôt pour te serrer doucement très fort. Nous irons voir la mer celle qui vient chatouiller le sable blanc, celle dont les limites changent deux fois par jour, au gré de la lune, marée haute, marée basse. Et nous irons à la pêche, petite femme. Nous jouerons sur les rochers, nous arracherons les crabes de leurs entrailles, nous prendrons des crevettes dans nos filets puis tranquillement nous regarderons le soleil se coucher, la mer alors deviendra rouge et dans le sable blanc nous nous aimerons. Un doux baiser petite femme. Ton aimé. Pour "Les impromptus littéraires"