! HABEMUS PAPAM !
La psychanalyse au service du clergé ?
J'en reviens, il faut y aller. Drôle, humain, sobre, pas barbant !
Piccoli et Moretti excellents et les cardinaux donc !
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Nanni Moretti réussit ce film lumineux dans les arcanes poussiéreux du Vatican.
Par Emmanuel Cirodde (Studio Ciné Live), publié le 06/09/2011 à 18:00
Avec quelques autres, Habemus papam a fait partie des films qui, à Cannes, ont été préjugés sur la foi de leur sujet ou de leur auteur. Nanni Moretti, le réalisateur du Caïman, s'attaquant au Vatican, ça ne pouvait être que sanglant. Il n'en est rien. Moretti enveloppe son récit dans une tendresse qui repousse en deux temps l'idée du règlement de compte idéologique : il décrit d'abord l'institution aux rites séculaires en en dévoilant la petite humanité. Dans le secret du vote, les tout-puissants cardinaux se révèlent effrayés par l'idée de devenir pape, rétrécissant à vue d'oeil sous l'étoffe de leur habit. Il réédite ensuite la manoeuvre avec le cardinal Melville, incarné par Michel Piccoli, pour lequel il n'est pas tant question de foi perdue que de vocation manquée. Melville confesse que son rêve était de devenir acteur, et, lors d'un magnifique périple dans les rues de Rome, loin du Vatican, l'homme incognito semble renouer avec une innocence perdue. La dernière surprise réside dans la nature du personnage de Moretti. Avec lui, le choc tant attendu entre l'Église et la psychanalyse se révèle malicieux. Il organise un tournoi de volley dans un Vatican désorienté par l'absence de chef, fait entrer de la joie et de la légèreté dans l'institution et confère àHabemus papam la même fraîcheur que les couleurs retrouvées de la chapelle Sixtine après restauration.