Je lisais récemment dans Libé un entretien avec Pierre Boulez, le plus grand compositeur français vivant. Ah, et chef d'orchestre, aussi. C'est à l'occasion du trentième anniversaire de l'Ensemble InterContemporain, qu'il a créé :
L'histoire n'est pas linéaire ; il y a, hélas, parfois des retours en arrière, réactionnaires, des compositeurs qui n'ont pas conscience des progrès déterminants accomplis avant eux. Ils préfèrent suivre leur train-train quotidien. Après Picasso et Klee, on a Bernard Buffet, ce n'est pas un progrès. Je considère les artistes qui refusent le progrès comme secondaires ou inutiles.
Et ça m'a fait immédiatement penser à cette phrase de René Char, qui était ma devise quand j'étais jeune (depuis j'ai compris que ça ne m'était pas adressé) :
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards, ni patience.
René Char, c'est aussi celui qui a écrit Le Marteau sans maître, dont le texte a servi à Pierre Boulez pour une des oeuvres les plus fascinantes de sa production, et des plus importantes de la seconde moitié du vingtième siècle.