Il fallait faire un choix. J'ai fini par hésiter entre deux mais comme Belle Blonde m'a dit qu'elle avait envie d'en voir un des deux, la décision finale a été prise...
Pour être tout à fait honnête, je redoutais ce film. J'hésitais depuis sa sortie entre l'idée que j'allais avoir beaucoup de mal à gérer et le fait qu'il me semble être presque du devoir citoyen d'y aller et de regarder tout ça bien en face (je m'étais fait, quelques jours avant, le documentaire " Les acquittés d'Outreau, 10 ans après le cauchemar continue" dans la même optique)...
J'avais résolu que si j'y allais, ce ne serait pas seule pour avoir quelqu'un à qui parler en sortant, pour aller prendre un verre..
Sauf que Belle Blonde m'a plantée 20mn avant la séance et que j'avais déjà pris mon billet...
Autrement dit, j'ai fait carton plein !
Dans les dix premières minutes, j'étais en larmes... mais, ça, ce n'est rien !
Je suis ressortie avec la nausée, me demandant véritablement si, en rentrant à la maison, j'allais boire un grand verre d'alcool très fort et bien sec ou si, malgré mon estomac vide, j'allais aller vomir...
Voilà, ça, c'était pour l'ambiance et si, malgré tout, vous êtes encore entrain de lire ces mots, je vous préviens, maintenant, je vais rentrer dans le vif du sujet et je me dois de vous dire que ce billet est tel que je l'ai écrit vendredi soir au dépoté, même si je ne le publie qu'aujourd'hui.
Je pense que tout le monde connaît l'histoire du scandale judiciaire de l'affaire d'Outreau et de ces treize personnes qui ont passé plusieurs années en prison, accusées de viol et de pédophilie, avant d'être reconnues innocentes.
Une de ces personnes, Alain Marécaux, en a fait un livre pour raconter son expérience, livre dont a été tiré le présent film.
J'ai entendu critiquer le sens de la mise en scène de Vincent Garenq. Pour ma part, je trouve que sa façon de filmer sans aucune élégance, sans aucun effet artistique, se rapprochant quelque part d'un documentaire, est ce qu'il fallait pour raconter cette histoire !
On le vit brutalement, maladroitement, violemment un peu comme si on le vivait de l'intérieur.
J'ai également entendu critiquer le fait que le film est " partisan", qu'il ne permet pas une analyse objective de l'affaire d'Outeau mais, là encore, ce film raconte le vécu d'un homme précis dans le cadre de l'affaire d'Outreau, il n'était nullement dans l'ambition du réalisateur de raconter Outreau dans son ensemble. On ne parle que très peu même de l'épouse d'Alain Marécaux parce qu'il raconte ce qu'il vit lui et qu'il n'a pas de nouvelles, pas de contact...
En revanche, Philippe Torreton fait l'unanimité pour son interprétation et effectivement, je ne vois pas comment on ne pourrait pas admirer son jeu. Une fois de plus, il investit son personnage (au point d'avoir perdu 27kg pour le rôle) et le restitue avec force et crédibilité aux spectateurs.
Pour ce qui est du contenu, je pense que mon introduction est assez explicite.
Ce scandale judiciaire a ému la France au moment du procès mais moins au moment des acquittements, or ouvrir les yeux et regarder en face ce que ces hommes et ces femmes ont pu vivre, subir est tout aussi important.
Le film que j'ai vu ce soir et le documentaire de lundi soir, à ce titre, permettent d'aller plus loin qu'un simple titre d'actualité qu'on entend à peine et qu'on oublie aussi vite.
C'est le minimum que de se faire violence pour leur rendre hommage, pour s'excuser de ce que la société, de ce que nous leur avons fait subir...
Oui, l'institution judiciaire a gravement failli et la suffisance et l'orgueil de Burgaud me donnent l'envie de vomir mais il ne faut pas oublier la pression sociale qui régnait, les hurlements de la vindicte populaire et, ça, c'est nous ! Nous tous, pas individuellement peut-être mais en tant que membres de cette société !!!
Alors, oui, ce soir, j'ai la nausée et j'ai pleuré longtemps dans ma voiture avant de pouvoir allumer le moteur et j'ai pleuré aussi tout le long de la route mais je suis chez moi, avec mon ordinateur sur les genoux et demain je ferai plein de choses... Ca durera une soirée, une nuit peut-être, de temps en temps ma mémoire se rappellera à moi mais, pour eux, c'est leur passé, leur présent, leur avenir, leur quotidien alors je peux leur offrir ma soirée, ma nuit et quelques moments douloureux de rappel de mémoire...
Pour terminer, j'aimerais vous parler ce qui me semble être la dernière phrase du documentaire et qui résonne encore plus violemment après avoir vu ces destins détruits, ces femmes et ces hommes brisés, ces enfants à jamais traumatisés : Pascal Burgaud a été nommé conseiller à la cour de cassation le 7 septembre 2011 après avoir juste subi une réprimande suite à l'enquête dont il a fait l'objet...
A bientôt !
La Papote
PS : J'en remets une couche ?
J'en remets une couche !
Et si la peine de mort avait encore été en vigueur en France, ce n'est pas un innocent qui serait mort pour rien (un des accusés est mort durant sa détention) mais treize dont la société aurait le meurtre sur la conscience !