Une époque, je faisais plus de sport que maintenant. Et je faisais du Pilate* une fois par semaine. Maintenant je n'ai plus le temps, mais diriger une entreprise est suffisamment stressant et physique pour compenser. Et puis je cours aussi quand il ne fait pas trop froid. Ni trop chaud. Mais j'arrête de vous raconter ma vie, vous êtes là pour apprendre.
Dans la salle de danse dans laquelle j'allais rejoindre ma prof new-yorkaise et souple, il y a une majorité écrasante de nanas toutes maigres et souples qui te racontent les castings de comédies musicales qu'elles ont faits. Et les quelques mecs qu'on y trouve, soit ils participent à la Star Academy, soit ils me regardent attentivement en sortant de leur cours. Ben oui, nous ne sommes pas nombreux, nous, les hommes.
Et la semaine d'après on se regarde. Et l'autre semaine après on se regarde encore. Et un jour il passe tout mon cours à l'extérieur de la salle à regarder à travers les vitres ce que je fais.
Le problème du Pilate, c'est que ce que tu fais n'est pas toujours pour te mettre au mieux en valeur. Surtout quand tu es à quatre pattes, que tu fais une arche avec ta colonne vertébrale, puis que tu inverses ton arche : tu n'as plus que la tête et ton cul qui dépassent ; et évidemment il est à trois mètres de toi et il ne voit que ça. Ton ego en prend un coup, et tu ne sais plus comment lui adresser la parole.
* Pour ceux qui on hiberné ces quinze dernières années, le Pilate, sport pratiqué jusque dans la France profonde mais aussi par mesdemoiselles Madonna et Aniston, consiste à effectuer des exercices lentement, en décomposant les mouvements, en renforçant sa ceinture abdominale, ce qui sculpte le corps non pas en faisant grossir les muscles mais en les étirant afin d'obtenir une silhouette fine et élancée. Bref c'est tout moi, ça.