Le triste sort des paquebots transatlantiques

Publié le 09 octobre 2011 par Stella

Quoi de plus magique, quoi de plus merveilleux qu'un paquebot transatlantique ? Profilé pour la haute mer, il n'est fait que pour respirer l'air du grand large, fendre les vagues et se chauffer au soleil pur du voyage hauturier. Luxueux, confortable, chaleureux, il est porteur de tous les rêves et de toutes les ambitions. A son bord, on peut dominer les embruns, voir l'aube poindre à l'horizon, marcher dans la brume ou la lumière éclatante, admirer le plus beau coucher de soleil du monde, celui qui s'éteint dans une explosion de couleurs. Avec un peu d'habileté, on saisira le rayon vert, cet éphémère et subtil éclat de soleil d'avant le crépuscule, si doux et si tendre qu'il peut laisser des souvenirs une vie durant. Que dire de ces étoiles qu'on ne se lassera jamais de regarder depuis le pont d'un navire, si ordonnées, si rassurantes. Elles tracent une route immuable à travers tous les mondes. Pour peu que l'on sache les lire, elles livrent des secrets immémoriaux qui content la beauté des choses et la magie des êtres. Elles rapprochent sous un même dais les continents éloignés et rassemblent ce qui est épars.

Les paquebots transatlantiques vivent par le voyage, par la longue traversée qui porte l'espérance. Ils ne pensent le départ que parce qu'existent les retours et frémissent de plaisir à la pensée du revenir. C'est leur unique objectif, leur raison d'exister car, c'est un paradoxe, ils sont aussi fragiles. Trop longtemps à quai, ils rouillent et se fanent. Leurs machines s'étiolent, leurs miroirs s'embuent, la tristesse les tue. S'ils ne peuvent plus connaître le bonheur du repartir, ils perdent leur joie de vivre et meurent de solitude. Bien sûr ils peuvent sombrer, mais un naufrage est mort enviable, mille fois préférable à la lente agonie.

Quoi de plus désolé qu'un navire abandonné... C'est Ariane à Naxos et ses pleurs sur la plage ne trouvent un écho qu'en l'âme de ses semblables.