La probable plus extrême expérience en matière de danse contemporaine à laquelle il m'a été donné d'assister se déroulait au Théâtre de l'Etoile du Nord. Assistant à l'époque à cinq représentations par semaine, ma mémoire ne m'a pas laissé le nom de la chorégraphe ou du spectacle.
Par contre, je me souviens très bien de ce ballet ; un homme et une femme font semblant d'être assis contre les piliers de la scène, pendant que les spectateurs s'installent : effort physique caché, la tension s'installe. Après ils dansent avec des masques qui les empêchent de se galocher. Tout tourne autour de l'amour, du rapprochement physique. Et à la fin ils tentent de s'enlacer, nus, mais il y a entre eux un énorme bloc de mousse.
Et bien j'ai tout à fait adhéré au discours du spectacle. En le regardant, j'étais fasciné. Et ce n'est qu'en sortant que j'ai mis des mots sur ce que je venais de voir. Et il faut bien reconnaître que d'un seul coup j'hésitais à le raconter simplement avec des mots, tellement ça pouvait paraître incompréhensible à mes interlocuteurs que je puisse être entré dans un tel spectacle.
Parce que quand même, pendant un quart d'heure, le danseur courait derrière la danseuse afin de l'atteindre avec une énorme pâte à pain qu'il lui lançait...