Deuxième partie
Effrayé et crispé, j'étais plaqué contre la civière. Je tentais de lui expliquer dans un bilinguisme parfait que je n'avais aucun soucis aux mains. Il n'était donc pas nécessaire de les trancher. Mon talent d'écrivain n'est pas totalement parfait, je l'avoue. Mais en arriver à de telles extrémités me semblait absurde comme la situation que je vivais depuis mon arrivée en Russie.
"Ze is not possibeul, You can dou this. My hands are zery zery well. Zey work good. Can I caume back to maïe home plise".
Elle me regardait fixement. Aucune réponse. Elle ne bougeait plus. Peut-être n'avait-elle pas compris ? Appuyé de larges sourires, d'un charme à l'état pur et d'une grande maitrise dans l'art scénique, je retentais mon explication. Le résultat d'une telle performance ne pouvait qu'être la liberté. Cependant, il ne se passait toujours rien. La bouchère était restée de marbre. Cette femme était devenue une statue vivante. Je profitais de l'occasion pour me saisir de la tronçonneuse. D'un geste brusque et inattendu, je réussis à la déposséder de son arme.
Son regard vide se métamorphosa en un regard empli de haine. Elle hurla "You are French! I hate the fucking wine. Once I drank it. It made me sick. French Wine is shit".
Elle sauta sur moi en criant "French Wine shittttt". Pris de peur, je fis un pas en arrière en beuglant. "Aie ame not French. Not !". Elle se plaqua avec force contre moi. Je lançais une phrase magistrale "Méke pice not war". Nous tombâmes tout deux par terre. Un énorme craquement accompagné de hurlements éclatèrent de la bouche de la dame.
"Eurk, wine, eurk..."
Puis vinrent des spitures sur nos visages. Celles-ci se transformèrent en jets de sang. Le liquide rougeâtre m'aveugla. La tronçonneuse étaient toujours en marche. Avec grand horreur, je me rendis compte que j'avais empalé la tronçonneuse dans le ventre de la dame. Le ventre déchiqueté. Vidée de son sang. Elle perdit sa vivacité. Dans un dernier souffle. Elle lançait ceci.
"I hate fucking french fries too....eurkkkkkkkkkkk".
Le corps privée de vie, sa tête tombait contre la mienne. Me donnant un coup de boule au passage. Bien que morte, elle était toujours dangereuse. Chiante, celle là. Je pivotais sur la gauche pour faire glisser son corps.
Tout à coup, le véhicule s'arrêta. Je me mis à penser. Tain, j'avais buté quelqu'un. Je ne l'avais pas voulu. C'était de la légitime défense mais quand même. C'est un crime. Si c'est un crime. Alors, je suis un criminel ! Merde ! En moins de deux secondes, j'ouvris la porte et me barrais à toute vitesse.
Le chauffeur sortit et me vit. Il criait. "Bust this man, bust it !". Je l'entendis et me retournas. Je fis un bras d'honneur en criant "A la revoyure bande de tar...". Stoppé net par une mur de deux mètres vingt, je ne pus finir ma phrase. Un type aussi moche que Frankenstein et aussi balaise que Schwarzenegger fit barrage. Il m'attrapa par le col et dit " Toi avoir tué femme à moi ! Toi va Bloc D. Bloc of the Death ! ".
Il me trainait vers un hôpital lugubre, aussi gris que ces vieilles photos des années 30. Des mots étouffés par le col me vinrent.
M : Pour votre femme, je n'ai pas fait exprès. C'est elle qui s'est empalée toute seule sur...
Il m'interrompit.
F : Vous avoir relation sexuelle avant elle morte. Ça être encore pire !!!
M : Non, non, non ce n'est pas ce que vous croyez. C'est...
F : Toi taire.
M : J'avais fait pire que mieux au final.
Les lettres rouillées du Bloc D apparurent...
F : Toi être bienvenue à l'hôpital psychiatrique de Zabroska. Moi savoir français. Moi être ton docteur officiel.