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La Valse des Matadors, de Natalia Fintzel-Romanova

Publié le 10 octobre 2011 par Missbabooshka

> Le livre : La Valse des Matadors de Natalia FINTZEL-ROMANOVA, éditions de la rue nantaise, 74 pages, 12 €.

> Le pitch : Au sein d’une troupe de bras cassés, il y la metteure en scène (un peu débordée), la jeune première (ambitieuse et sollicitée), une actrice comique (qui ne fait rire qu’elle), une diva (aux méthodes de travail pleines de panache), et un comédien (à cheval sur ses principes). Ensemble, ils préparent un spectacle. Mais à coup sûr, en comparaison de la pièce fadasse et réchauffée qu’ils comptent jouer devant le public, les trames qu’ils tissent dans l’intimité des coulisses sont indubitablement plus colorées.

[Cette critique a été rédigée par Miss Babooshka, auteure du blogue « You’re flesh & blood, but what’s underneath ? » (http://coffeehomeground.hautetfort.com/mes-lectures.html) que nous vous invitons à découvrir.]

> Pièce en trois actes, tous plus savoureux les uns que les autres. On découvre avec un plaisir non dissimulé l’envers du décor, ces coulisses habituées à l’obscurité, ici sous les feux des projecteurs : coup bas, rivalités, jalousie, tract, répétitions farfelues, doutes existentiels, histoire de famille, histoire de cœur, secrets, confidences, disputes …

De plus, les personnages pourtant basés sur des stéréotypes échappent avec fantaisie à leurs carcans, leurs masques peu à peu tombent et laissent entrevoir ce qu’ils sont et pas ce qu’ils jouent. Je me suis attachée à Léa, comédienne comique bien plus sensée que l’on ne croit … Quant à la metteure en scène, c’est un personnage qui m’a fait rire du début à la fin. & puis il y a Viviane qui sous cet aspect de femme froide et rigide cache une personne qui s’avère être bien plus fofolle que l’on aurait cru. J’aurais bien voulu en savoir davantage sur la jeune première, et je ne me suis pas trop attachée à Frédéric.

Enfin, j’ai apprécié le style même de la pièce, l’ensemble est à la fois piquant & doux-amer. On est comme entraîné dans un tourbillon, et les comédiens jouent en coulisse & devant le lecteur leur meilleur spectacle : leur vie de tous les jours, pleine de bosses et de creux. On est surpris par certaines révélations, on est touché notamment au dernier acte, on s’inquiète quand la jeune première a un accident, on se demande quand la metteure en scène craquera définitivement, on redécouvre le monde du spectacle. Dans ce monde de faux-semblants, les comédiens, pourtant êtres de papier, s’épaississent progressivement et semblent devenir être de chair et de sang, ils sont maintenant nos compagnons de route et ne s’évanouissent pas quand on referme le livre. Ils resteront dans un coin de notre cœur et de notre tête. La pièce s’achève sur ce presque coup de théâtre de Léa, qui fait de l’ouvrage qu’on tient entre les mains, une gigantesque mise en abyme, un ultime jeu de miroir au milieu de ces personnages qui jouent des personnages, ludique comme le jeu des poupées russes & troublant comme un reflet dans une eau quelque peu tourmentée.

Une pièce que je vous conseille donc fortement.

> Et s’il fallait mettre une note, ce serait : 4/5

Je remercie Les Agents Littéraires et les Editions de la rue nantaise pour cette découverte.


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