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Un heureux événement

Publié le 11 octobre 2011 par Acrossthedays @AcrossTheDays

UN HEUREUX ÉVÉNEMENTEt si la maternité n’avait rien d’un heureux événement ? Dans une société où la naissance d’un enfant est souvent enjolivée et où le bonheur qui s’en suit se doit automatiquement d’exister, Eliette Abécassis avait voulu briser le tabou de la maternité. Elle en a fait un roman quasi autobiographique, « Un heureux événement », adapté cette année en film, le dernier né de Rémi Bezançon. Après l’excellent « Le Premier jour du reste de ta vie », le réalisateur a donc choisi un angle totalement différent pour parler de la vie d’une famille, en s’investissant dans un sujet rarement évoqué de cette manière au cinéma.

Dans une première partie, Bezançon aborde avec humour et légèreté l’idylle entre Barbara et Nicolas qui donne lieu à la grossesse de cette brillante étudiante en philosophie. Le spectateur est plongé au fur et à mesure dans l’intimité de la future mère, jusqu’à cet accouchement qui, à l’image du film, est saisissant de réalisme. Celui-ci engendre alors la rupture qui amène à la deuxième partie, au ton plus grave. L’arrivée de l’enfant, la transformation d’un couple en une famille ; le film prend une tournure bien plus dramatique en suivant cette mère dépassée par sa maternité et rapidement incomprise par ceux qui l’entourent. L’angoisse prend peu à peu le dessus, à la fois touchante et violente, mais perd de sa cohérence au fil des scènes au risque qu’on ne comprenne plus vraiment là où on veut nous emmener (et ce jusqu’à la fin).

Restent une Louise Bourgoin surprenante, parfaite en jeune mère prise au dépourvu par ce nouveau rôle qui lui fait remettre en question tous ses raisonnements philosophiques, un Pio Marmaï très convaincant et une bande-son de qualité signée Sinclair – évidemment, on ne change pas une équipe qui gagne. Au final, en voulant montrer cette autre réalité de la maternité souvent occultée, et ses conséquences sur la vie de couple, « Un heureux événement » parvient à éviter de nombreux clichés et se veut tout de même efficace, notamment grâce à des dialogues souvent pertinents et à un duo d’acteurs parfaitement accordé. Si Rémi Bezançon ne réitère pas l’exploit de son dernier long-métrage, il a au moins clairement le mérite de proposer un film qui sort des sentiers battus, à la fois dérangeant et drôle, et surtout intense.


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