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Du chauffeur de taxi marseillais (étude sociologique)

Publié le 11 octobre 2011 par Valou94
Chers petits clous,
Du chauffeur de taxi marseillais (étude sociologique)
Comme certains d’entre vous le savent, ou l’ont deviné suite à la mise en ligne sur facebook d’une photo fort mystérieuse de port avec la bonne mère en toile de fond (dans un premier temps, j’avais hésité avec une photo de mon gros orteil gauche pris sans flash dans ma chambre d’hôtel, mais c’était quand même plus difficile de trouver), j’ai fait un petit déplacement à Massilia la semaine dernière avec des collègues, histoire de profiter des derniers rayons du soleil, de manger une vraie bouillabaisse et des glaces à se rouler par terre et (aussi) de bosser.
Le trajet s’étant effectué en train (à l’aller, parce qu’au retour, ahahah, non je vous raconte pas ; je sais que vous auriez bien aimé que je vous raconte) (bref), à l’aller donc, nous arrivâmes avec deux heures de retard. Si, avec la SNCF, c’est possible.La petite balade champêtre prévue pour rejoindre notre hôtel pedibus en profitant des derniers rayons du soleil étant de fait fort compromise, nous décidâmes, fous que nous sommes, de prendre le taxi.Erreur de débutant dans une ville comme Marseille, le film sus-nommé exagérant à peine les travers de ses chauffeurs, sauf que généralement ils ne savent pas conduire, en vrai.
Dès la sortie de la gare, nous hélâmes donc le premier taxi qui passait. « Holà gueux, pourrais-tu donc nous conduire nous et nos malles dans ta carriole à l’hostellerie ci-dessous décrite ? », tout ceci en lui présentant l’adresse de l’hôtel.
(Bon, ce ne sont pas exactement les termes que nous avons utilisés. Mais le résultat était à peu près le même quand il nous a regardé comme si nous descendions d’une planète inconnue.)
Mes charmants collègues ayant décidé à l’unanimité moins une voix (la mienne) que je devrais occuper la place du mort monter à l’avant, j’avançais courageusement et d’un air décidé vers l’homme et réitérait notre demande en tentant de l’accommoder à la sauce locale, ce qui donna à peu près :« Holà gueux, té vé, arrête de bader, peuchère, et pourrais-tu donc nous conduire nous et nos malles dans ta carriole sans tanquer à l’hostellerie ci-dessous décrite ? »
Le chauffeur examina l’adresse, commença par lâcher un « trois putains d’heures d’attente pour aller sur le vieux port ? », puis nous fit monter.
C’est là que j’ai remarqué l’haleine.A mon avis, pendant les trois heures, il n’avait pas fait qu’attendre. Enfin, le pastis, ça fait couleur locale, y a pas à dire.
A peine montés, donc, il démarra en trombe, râlant en vrac contre la SNCF qui sont jamais à l’heure ceux-là, contre les clients qui font des courses ridicules, je dis pas ça pour vous mademoiselle, contre les travaux et la mairie, contre les autres conducteurs qui respectent bêtement les priorités à droite et le marquage au sol.Tout ceci à environ 130 km/h, en tenant d’une main le volant, tout occupé à remplir de l’autre la note qu’il allait nous remettre, et en ignorant volontairement le concept de frein ainsi que celui de files et de priorités. C’est bien simple, il conduisait exclusivement à l’oreille, la vitre ouverte, tentant de discerner dans le brouhaha de la ville le bzzz annonciateur d’une mobylette ou le bruit de moteur d’une voiture qui chercherait, outrageusement, à prendre sa priorité à droite.
« Ca va, je conduis pas trop vite ? Non c’est parce que je me dépêche il faut que je retourne à la gare pour faire une vraie course...».
Euh...Non, en fermant les yeux, en me bouchant les oreilles et en comptant très vite dans ma tête pour ne pas laisser la panique m'envahir, je réussis à gérer très très bien.
Arrivés devant l’hôtel, le compteur affichait fièrement 11 € 10.
Il nous réclama donc 16 € 80, rapport à l’indemnité de prise en charge à la gare, et aux bagages, tout ça.Sur ce, il nous demanda, avec une innocence qui frisait la naïveté, quelle somme il devait inscrire sur la note.
Une fois inscrit 16 € 80 avec une certaine réticence, il nous précisa en nous disant au revoir que, si nous avions besoin, son numéro de téléphone était aussi sur la note et qu’il se ferait un plaisir de nous conduire à nouveau dans Marseille.Ce à quoi nous avons répondu avec un bel ensemble (et peu de courage) que nous ne manquerions pas de l’appeler, au besoin.
Puis, les jambes légèrement flageolantes, nous nous précipitâmes à terre pour remercier dieu et embrasser le trottoir, avant de rejoindre nos chambres.
A bientôt les petits clous!

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