aux Editions de Minuit, 1983, 185 e-pages
avis publié pour le club des lecteurs numériques
Ça n'a pas marché pour moi. J'ai admiré la plume virtuose de Jean Echenoz, mais regretté jusqu'à la fin qu'elle soit mise au service d'une histoire de pieds nickelés qui ne m'a pas fait vibrer, loin de là. Grinçant, spirituel et décalé, ça oui. Très fort, c'est certain. Mais pas incarné, pas du tout.Cherokee, c'est une course poursuite rocambolesque entre pseudo malfrats, détectives marrons et officiers de police improbables. Des tontons flingueurs. Comme dans les films burlesques américains, très vite on ne sait plus qui court après qui, et c'est vrai que cela n'a pas d'importance. La performance est dans le rythme qui s'accélère tout au long de la progression d'un scénario de roman noir délirant. Un exercice de style, qui ressemble à de l'improvisation mais qui est sûrement très loin d'en être.
J'aime bien imaginer l'auteur du roman que je lis dans son travail d'écriture. Là je vois Jean Echenoz dans son bureau, dressant le story-board de Cherokee, debout au milieu de plans des rues de Paris épinglés sur les murs, d'itinéraires routiers, de multiples photos de repérages, d'emplois du temps détaillés pour chacun de ses personnages, de graphiques illustrant la synchronisation des actions. Un travail énorme grâce auquel on ne s'ennuie pas un seul instant en lisant Cherokee, même si comme moi on chipote sur l'intérêt de l'histoire qui nous est racontée.