Lorsque tu as un rendez-vous avec les Assedix, tu es un privilégié et on te le fait bien sentir.
Déjà tu fais pas la queue : il y a une file qui t'es réservée. Tu y vas, et on te donne direct un numéro.
Et là, tu attends trois quarts d'heure, assis. Mais pendant ce temps, ceux qui n'ont pas rendez-vous attendent encore dans la première file, debouts, qu'on veuille bien leur donner un numéro, si on veut bien leur en donner ! Donc, autant de raisons de jubiler intérieurement.
Puis, après ces trois quarts d'heure à somnoler dans la douce et vulgaire lumière des néons, on appelle ton numéro. Tu crânes alors en passant devant la file des gens qui n'avaient pas de rendez-vous. Ils ont chaud, ils sont pas beaux, ils n'avaient pas de rendez-vous.
Tu entres dans le bureau, tu dis bonjour, tu t'asseois, tu donnes tes papiers.
Et comme tu es un privilégié, tu t'entends dire la chose suivante :
Ah mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps, vous êtes créateur d'entreprise, nous n'avions pas à vous envoyer de convocation pour un rendez-vous.
